En guise de calendrier de l'avent, la FGDC vous invite à un voyage dans l'histoire de l'art et de l'anatomie, à la découverte de représentations du sein ou du côlon. Le sein est un symbole de féminité et de maternité dont on trouve les premières représentations dans la préhistoire. Celles du côlon datent de quelques milliers d'années avant notre ère et évoluent avec les progrès de la médecine et de l'anatomie. Vous découvrirez, jour après jour jusqu'au 24 décembre, une sélection d'oeuvres faite dans le seul objectif de partager notre émerveillement et notre curiosité pour les représentations artistiques du corps au fil du temps et des cultures. 

Cette année encore, la FGDC a mis tout en œuvre pour offrir aux Genevois·es l’accès à un dépistage de qualité, permettant une prise en charge précoce des cancers du sein et du côlon. Nous continuons également à nous engager pour faciliter une équité d’accès aux programmes.

Nous souhaitons que cette fin d’année vous soit douce et vous adressons tous nos vœux pour 2023.
 

Photo d'un eimage du Louvre représentant une figurine féminine datant de -6000/-5100, style Halaf

Figurine (Halaf)

- 6 000 / -5 100 (Mésopotamie ou Syrie du Nord)

© 2022 Musée du Louvre / Raphaël Chipault

 

En savoir plus

  • La culture dite de Halaf  se développe en Mésopotamie du Nord de 6 500 à 5 500 avant J.-C. et produit une céramique peinte de grande qualité. Elle est connue pour ses figurines de femmes nues aux formes généreuses mettant probablement l’accent sur la fécondité féminine. Metropolitan Museum of Art ; Wikipedia
     
  • Les représentations de femme les plus anciennes datent du Paléolithique, période commençant il y a environ 3 millions d’années, et se terminant il y a 10 000 à 12 000 ans. Reines de l’Âge de pierre/NationalGeographic ; Venus du Paléolitique/Wikipedia 

 

Figure d'un homme tenant ses entrailles gravée sur un monolithe

-3 400 / -1 600  (Sechín, Pérou)

© Dr Jorge Moscol Gonzales / Universidad Nacional Federico Villareal

 

En savoir plus

Le site archéologique de Cerro Sechín se situe au Pérou dans la vallée de Casma. Il se distingue notamment par des gravures sur pierre représentant, selon les hypothèses, des guerriers, des sacrifices humains, voire des images anatomiques et l'un des premiers témoignages de dissection. Metropolitan Museum of Art; Wikipedia

image d'une danseuse au sein nu, tombe d'Hetpet, Egypte

Peinture murale de danseuse aux seins nus dans la tombe d'Hetpet

- 2 500 / -2 300 (Egypte)

© 2018 Capture d'écran d'une vidéo/ L'Express/AFP

 

En savoir plus

En 2018, des archéologues egyptiens ont découvert une tombe vieille de près de 4 400 ans aux peintures murales bien conservées. Il s'agit de la tombe d'Hetpet, prêtresse de la déesse de la fécondité Hathor.

Hetpet/Wikipédia

Peinture dans l'Egypte antique/Wikipédia

Image d'une tablette d'intestin datant du paléo babylonien - Musée du Louvre

Tablette avec dessin d'intestin, de nature divinatoire

- 2 025 / -1 763 (Larsa - Irak actuel)

© 2022 Musée du Louvre / Raphaël Chipault

 

En savoir plus

L'examen des entrailles d'un animal est une technique divinatoire courante en Mésopotamie à l'époque dite paléo-babylonienne (-2 004/-1 595).

Divination en Mésopotamie/Wikipedia

Assyriologie/Annuaire du Collège de France

Art of the Ancien Near East: A Resource for educators/MetPublications

 

image d'une stèle/ex-voto représentant des seins de femme datant du IIIe avant J.-C.

Stèle ; ex-voto 

-250 / -175 (Carthage tophet)

© 2021 Musée du Louvre / Emmanuel Watteau

En savoir plus

Se soigner en mettant les dieux de son côté !

Les ex-voto anatomiques sont des représentations de parties du corps offertes aux dieux en accomplissement d'un voeu ou en signe de reconnaissance. On les trouve souvent sur des lieux de sanctuaire patronné par un dieu guérisseur. 

L'inscription sur la stèle représentant des seins indique qu'elle est dédiée à Tanit, déesse de la fécondité.

Buste votif anatomique de jeune homme, terre cuite, avec organes apparents sur l'abdomen

Buste votif anatomique de jeune homme 

-300 / -100 (Latium)

© 2013 Musée du Louvre / Thierry Ollivier

En savoir plus

La statue provient d'un sanctuaire étrusque. Les organes sont apparents dans une forme d'amande sur l'abdomen. Il pourrait s'agir d'un mannequin et d'une amande de dissection.  

Quand se soigner c'est croire. Les ex-voto anatomiques, témoins des appels aux dieux dans les processus de guérison.

Statue d'une reine hindoue du Xe incarnant la déesse Parvati. Freer Gallery

Bronze de la Reine Sembiyan Mahadevi incarnant la déesse Parvati

Xe siècle (Inde)

© Smithsonian's National Museum of Asian Art / Freer Gallery

 

En savoir plus

Chine - Dessin à l'encre d'un manuscrit de la période Qing (1644-1911). Ce dessin reproduirait des dessins de viscères du Xe ayant disparu.

Chine - Dessin à l'encre d'un manuscrit de la période Qing (1644-1911) représentant l'intérieur du corps vu de dos. Il s'agirait d'une reproduction d'un dessin disparu du Xe .

© Wellcome collection

 

En savoir plus

Ces dessins représenteraient la somme de connaissance accumulées par des médecins chinois réputés. Le dessin montré ici  serait notamment attribués à Hua Tuo, un médecin qui aurait vécu à la fin de la dynastie des Han (206 av. J.-C. à 220 apr. J.-C.).

Hua Tuo, un médecin et chirurgien chinois légendaire ou une figure atypique de la fin de la dynastie des Han?

DDétail de la sculpture La tentation d'Ève relief sculpté attribué à Gislebertus, vers 1130

Sculpture, La tentation d'Ève (détail), relief sculpté attribué à Gislebertus,

vers 1130, musée Rolin, Autun, France

© Jacquym, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

En savoir plus

La sculpture La tentation d'Ève représente la figure biblique allongée succombant à la tentation en se saisissant du fruit défendu. Cette oeuvre émeut et frappe par sa sensualité. Unique en son genre par sa symbolique, sa forme et son esthétisme, celle que l'on surnomme la "Joconde de pierre", est considérée comme un chef d’œuvre de l’art roman.

Image d'un manuscrit datant de 1345 représentant l'anatomie d'un homme

Enluminure, Homme anatomique

1345, France 

© Chantilly, Musée Condé, Bibliothèque, Ms. 334 B f. 265v


En savoir plus 

Originaire de Lombardie, Guido da Vigevano (1280?-1350?) est un ancien élève du célèbre médecin et anatomiste Mondino de Luzzi qui a réintroduit la pratique de la dissection, et le médecin de la reine de France, Jeanne de Bourgogne.

Il est l'un des premiers à illustrer la description de l'anatomie. Son traité Anathomia designata per figuras (1345) est "accompagné de figures coloriées au nombre de 18, particularité si peu fréquente dans les ouvrages de médecine de cette époque que l'auteur a jugé utile d'appeler, dans la préface de son recueil, l'attention de ses lecteurs sur cette illustration inaccoutumée. Les médecins ont, dit-il, des difficultés extrêmes à mettre des figures dans leurs livres, tant à cause des frais que cela entraîne qu'en raison de l'extrême difficulté qu'il y a à trouver des artistes capables d'exécuter convenablement ce genre de peinture." (Léon Gauthier in L'"Anatomie" de Guido de Vigevano, médecin de la reine Jeanne de Bourgogne (1345), par Ern. Wickersheimer. Leipzig, Johann-Ambrosius Barth, 1913 [compte-rendu])

Cette image révèle l'absence de connaissances précises en anatomie (le gros intestin est notamment absent) et en perspective.

Figurine féminine en grès représentant la déesseTlazolteotl avec une coiffe en forme d'éventail

Figurine féminine en grès représentant la déesse Tlazolteotl avec une coiffe en forme d'éventail

900-1450, Mexique

© The Trustees of the British Museum

 

En savoir plus

"Une des déesses les plus importantes du panthéon mexicain. Son nom signifie « une autre Vénus » ou, sous la forme de Tlaelquarni, « mangeuse de choses sales ». Comme tous les dieux à connotation charnelle, Tlazolteotl est originaire de la côte du Golfe. Elle provoque la luxure, le péché de chair et les entorses à la morale sexuelle. Mais elle peut accorder le pardon pour les péchés commis et elle est aussi la déesse de l'enfantement."  Universalis.fr

Une préhistoire du sein en Mésoamérique : entre fertilité, vie domestique et maternité

 

 

Coupe anatomique du corps humain, extrait de John Arderne, De arte phisicali et de cirurgia (L’art de la médecine et de la chirurgie), rouleau de parchemin, Ms. X 118

1412

© Kungliga Biblioteket  (Bibliothèque nationale de Suède, Stockholm)
 

En savoir plus

John Arderne (1307-après 1377) est un chirurgien et botaniste, considéré comme le père de la chirurgie en Angleterre. Il est l’auteur de plusieurs traités dont plusieurs sont compilés après sa mort dans un manuscrit se présentant sous la forme d’un rouleau de parchemin de plus de cinq mètres de long. Illustré de 130 dessins colorés, fait rare dans les manuscrits de cette époque, le parchemin inclut quatre dessins d'anatomie et décrit de façon précise les maladies, remèdes, instruments et procédures chirurgicales et dans un souci de transmission du savoir.

Ses écrits, notamment connus pour son travail sur les fistules anales et ses connaissances de la pharmacopée de son temps, seront largement diffusés et lus jusqu’au XVIIe.

John of Arderne, the father of English Surgery

 

 

 

Vierge allaitant l'Enfant Jésus, icône orthodoxe d’Ethiopie, peinture sur bois 

XVe, Ethiopie

© Smithsonian/National Museum of African Art Collection

 

En savoir plus

Période de prospérité et de création artistique en Ethiopie, le XVe siècle dévoile la richesse de l'architecture et du développement d’un art décoratif chrétiens illustrant manuscrits et peignant murs et icônes de couleurs chaudes et somptueuses. C’est de cette époque que datent les premières icônes préservées représentant souvent la Vierge et l’Enfant, les apôtres et St Georges. On appelle ‘Madonna Lactans’ ou ‘Vierge du Lait’ en occident et  ‘Galaktotrophousa’ dans la tradition orthodoxe, le thème iconographique de la Vierge allaitant l'Enfant Jésus. Sa plus ancienne représentation connue date du IIe siècle et se trouve dans les catacombes de Sainte Priscille à Rome. 

Vierge du lait

Histoire de l'icône byzantine et orthodoxe

Une archéologie des icônes éthiopiennes

Manṣūr b. Iliyās Šīrāzi, Manṣūr b. Iliyās Šīrāzi. Tašrīḥ al-badan (L'anatomie de Mansour), folio 29R

vers 1425 - 1450,  Iran

© Bibliothèque nationale de France

 

En savoir Plus

Le traité anatomique de Mansour b. Eliyâs Chirâzi contient les premières illustrations anatomiques du corps humain issues de l'aire islamique conservées à l'époque contemporaine. 

La médecine persane a hérité du savoir-faire des savants indiens et subi l’influence de la tradition occidentale (Hippocrate et Galien). Ce traité, écrit en persan et longtemps diffusé, est le premier ouvrage d’anatomie descriptive illustré. Son auteur, Mansûr ibn Elyâs, était médecin à l’hôpital de Chirâz est l’un des plus célèbres représentants de l’école médicale du Fârs.  Les cinq chapitres, qui traitent des os, des nerfs, des muscles, des veines, des artères ainsi que des organes complexes, sont accompagnés de six planches anatomiques – dont cinq se rapprochent de représentations du corps humain présentes dans des manuscrits latins dès le 12e siècle.  (L’Anatomie de MansûrSpendeurs persannes - Planche anatomique ).

Eléments biographiques de Mansur ibn Ilyas et description de la copie du mansucrit de la National Library of Medicine (USA) (en anglais)

Détail du panneau central du Jardin des délices représentant un homme nu blanc et une femme nue noire portant en équilibre sur la tête un fruit rouge

Le jardin des délices (détail du panneau central), Jérôme Bosch

1490 - 1500

Musée Prado, Madrid - Public domain, via Wikimedia Commons

 

En savoir plus

Bien des mystères entourent "[l’oeuvre qui], fourmille de détails improbables, regorge de scènes cocasses et dépeint avec génie les pires travers du genre humain. Le panneau de gauche représente le jardin d’Éden tandis qu’au centre une faune de personnages s’adonne à toutes sortes d’activités plus ou moins réprimées par la morale et, enfin à droite, les âmes des damnés qui, en plus de rôtir dans les flammes de l’Enfer, subissent d’effroyables supplices. Face à cet ensemble foisonnant, on s’esclaffe, on frissonne mais, surtout, on s’émerveille !” (« Le Jardin des délices » de Jérôme Bosch : fantasmagorie à tous les étages, Beaux Arts )

Dessin de l'intestin de Lléonnard de Vinci

Dessin anatomique, Léonard de Vinci

vers 1508

via Wikimedia Commons
Localisation de l'oeuvre : Royal Collection Trust, Londres

En savoir plus

"Léonard de Vinci estime la représentation de la figure humaine comme l'un des objets essentiels de l'art. Or, pour parfaitement dépeindre un corps humain, il faut le connaître dans son apparence extérieure mais aussi le comprendre dans son fonctionnement interne. Pour atteindre cet objectif, [...] Léonard observe attentivement des sculptures, antiques et contemporaines, et des squelettes. Il s'adonne aussi à la dissection. Chez Léonard, le regard du scientifique est toujours intimement lié à celui de l’artiste : beauté plastique et exactitude anatomique ne font qu’un dans ses dessins, où l’observation du modèle vivant s’allie à la connaissance apportée par la pratique de la dissection." (Léonard de Vinci : la leçon d'anatomie)

Récit d’une vie : Léonard de Vinci, un génie universel, Connaissance des arts

 

 

 

 

 

Peinture Venus endormie de Girogione

Vénus endormie, Giorgione (1477/78-1510), Titien (c.1488/90-1576) 

Vers 1508/1510

Gemäldegalerie Alte Meister, Dresde, Allemagne - Public domain, via Wikimedia Commons

 

En savoir plus

"La Vénus endormie est traditionnellement attribuée au peintre de la Renaissance italienne Giorgione. Le tableau a été achevé et en partie repeint par Le Titien après la mort de Giorgione.  

Giorgione innove dans la peinture vénitienne du début du xvie siècle en y introduisant quatre nouveaux aspects : le sujet laïque, de petites dimensions, pour les particuliers et les collectionneurs ; le clair-obscur à la progression d'une infinie délicatesse et à la palette très évocatrice ; le nu ; les paysages peints pour eux-mêmes.  (Wikipedia)

He was one of the greatest of all Venetian artists, but who was Giorgione?, The Guardian

Image de l'homme zodiacal dans le manuscrit La Margarita philosophica

Margarita philosophica (f378), Gregor Reisch

1508

© Bibliothèque nationale de France

 

En savoir plus

La Margarita philosophica (littéralement La Perle philosophique), est la première encyclopédie imprimée. Ecrite en latin et illustrée, elle rassemble l'ensemble des savoirs universitaires de l'époque.

"Dans les parties consacrées à la physiologie et à l’anatomie, les figures demeurent assez sommaires et encore empreintes de conceptions médiévales en passe de devenir obsolètes. C’est le cas de l’homme zodiacal, figure symbolique dans laquelle on associait chaque partie du corps à un signe du zodiaque." (La Margarita philosophica, une encyclopédie à la croisée du Moyen-âge et de la Renaissance)  

Image de la peinture Les trois Grâces de Lucas Cranach l'Ancien, 1531

Les trois Grâces

1531

Lucas Maler, dit Lucas Cranach l'ancien

"L’une des rares représentations du thème des Trois Grâces dans l’œuvre de Cranach l’Ancien, à interpréter dans un sens d’élévation morale et chrétienne, les Trois Grâces de l’Antiquité (Aglaé, Euphrosyne et Thalie) se voyant conférer ici des vertus de générosité et d’amour d’autrui."

© 2011 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle

 

En savoir plus

Lucas Maler, dit Lucas Cranach l’Ancien (1472-1553) est un peintre et graveur de la Renaissance allemande. Qualifié d'homme d'affaires habile, il est à la tête d'un atelier prolifique. Il est l'ami et le portraitiste de Martin Luther dont il adopte les idées réformatrices et contribue à l’iconographie religieuse protestante, notamment par des gravures illustrant des scènes bibliques et des retables.

Si son œuvre compte beaucoup de thèmes religieux, il a aussi développé des thèmes profanes, le plus souvent mythologiques, qui sont entre autres l’occasion de peindre des nus d'un érotisme discret et raffiné. 

Anatomie de l'intestin, image du manuscrit de Andreas Vesalius, De humani corporis fabrica

De humani corporis fabrica libri septem (À propos de la fabrique du corps humain en sept livres), André Vésale

1555 (deuxième édition)

© The Metropolitan Museum

En savoir plus

De humani corporis fabrica libri septem(la Fabrica) est un livre sur l'anatomie humaine, écrit par le médecin et anatomiste flamand Andreas Vesalius (André Vésale, 1514-1564) en 1543, publié à Bâle en 1543 et réédité en 1555. 
En près de 700 pages et plus de deux cents planches anatomiques dessinées notamment par un élève du Titien, Vésale décrit le corps humain tel qu'il l'a étudié au cours de dissections et corrige les erreurs de Galien. 
Considérée comme le livre fondateur de l'anatomie moderne, la Fabrica allait avoir une portée considérable. Curieusement, l'ouvrage parait la même année que le livre de Copernic, De revolutionibus orbium coelestium  (Des révolutions des sphères célestes) qui devait révolutionner l’astronomie. (Wikipedia, Universalis)

 

Tableau d'Artemisia Gentileschi, la mort de Cléopâtre

La mort de Cléopâtre, Artemisia Gentileschi

c.1633-35, Italie

Collection privée, Rome
via Wikimedia Commons

 

En savoir plus

Artemisia Gentileschi (1593–c.1654) est une artiste-peintre italienne de l'école caravagesque. Fille du peintre Orazio Gentileschi dont elle fut l’élève, elle dirigea, malgré les contraintes dues à son sexe, son propre atelier et réussit à s'intégrer dans le cercle des peintres les plus réputés de l’Italie du XVIIe siècle.

Elle est connue pour mettre des figures féminines au centre de ses toiles. Si le sujet de la mort de Cléopâtre fascine et inspire artistes et écrivains, il est inhabituel de montrer la découverte de sa mort.

Orazio and Artemisia Gentileschi, Chapitre 76, MET

Image du Frontispice, Oeuvres anatomiques, Jean Riolan

Frontispice, Oeuvres anatomiques, Jean Riolan

1628-1629

Wellcome Collection

 

En savoir plus

Dans ses ouvrages sur l'anatomie, le médecin et Professeur royal d’anatomie et de botanique à l’université de Paris Jean Riolan ( 1580-1657) insiste sur l'importance de la dissection. Dans la préface de l'édition de 1626 de son traité d'anatomie sans planches, Anthropographia, il précise qu'il a disséqué plus de 100 cadavres. Cette édition est ornée d'un frontispice gravé par Crispin de Passe, montrant Jean Riolan donnant un cours d'anatomie, un doigt pointé vers le cadavre. 

Commerce de cadavres : une nécessité d’autrefois pour pratiquer la dissection

Sculpture de la Vérité, le Bernin

La Vérité, Gian Lorenzo Bernini, dit Le Bernin 

1645-1652

Galerie Borghèse, Rome
Via Wikimedia Commons

 

En savoir plus

La Vérité est une sculpture en marbre blanc haute de 2,8 mètres de l'artiste italien Gian Lorenzo Bernini, dit Le Bernin. Réalisée entre 1645 et 1652, elle représente une jeune fille souriante et nue, assise sur un rocher, tenant le soleil dans sa main droite et posant sa jambe gauche sur le globe terrestre. L'œuvre fait partie d'un groupe sculptural jamais achevé qui devait représenter l'allégorie de la Vérité révélée par le temps.

https://fr.borghese.gallery/collection/sculptures/la-verite.html

tableau eçon d'anatomie du docteur Willem van der Meer, 1617, Pieter van Miereveld

La Leçon d'anatomie du docteur Willem van der Meer,Pieter van Miereveld

1617

Museum Prinsenhof, Delft
Via Wikimedia Commons

 

En savoir plus

Les  peintres du XVIIe, notamment aux Pays Bas, ont témoigné de l’engouement pour les “leçons d’anatomie”, commandées par les corporations et peintes par les plus grands maîtres. Le tableau de  Pieter van Miereveld, est l’une des premières oeuvres de ce type de l’École hollandaise qui produira plusieurs milliers de portraits, la plus connue étant La Leçon d'anatomie du docteur Tulp (1632) de Rembrandt. Car il ne s’agit pas de documents scientifiques, mais bien de portraits et d’une mise en scène, pour la postérité, du travail d’une corporation sociale influente dans ce qui est à l’époque la nation la plus prospère d’Europe.

La leçon d’anatomie: étude historique et artistique de quelques tableaux et frontispices, de l’Antiquité à nos jours, en Europe.

Sainte Agathe, Francisco de Zurbarán, Musée Fabre, Montpellier

Sainte Agathe, Francisco de Zurbarán

vers 1635 - 1640

Musée Fabre, Montpellier
Via Wikimedia Commons

Fiche de l'oeuvre, Musée Fabre, Montpellier

En savoir plus : l'oeuvre vue par Paul Valéry

L'écrivain et poète Paul Valéry raconte une visite au Musée Fabre : « Je distinguais [...] deux figures délicieuses de Zurbarán. L’une surtout me ravissait : une sainte Agathe, pure, et rose quant aux joues, noble et pleine de grâce quant aux mouvements, s’avance vers je ne sais quel mystique festin, portant ses seins coupés sur un plat d’argent. Rien de plus poétique que le paradoxe de ce retour du supplice, dont le peintre a déduit une image de parfaite harmonie et de virginale ferveur… » (Paul Valéry, Oeuvres, Tome 3  La Pochothèque)

Valéry a consacré à cette oeuvre un poème en prose dans lequel il remplace curieusement Agathe par Alexandrine :

ZURBARAN
SAINTE ALEXANDRINE
Quel sommeil n'accorde à nos ténèbres intimes de telles apparitions ?
Une rose ! c'est la première lueur parue sur l'ombre adorable. Elle se figure doucement en cette martyre silencieuse, penchée.
Puis un vif manteau fuit par derrière — l'étoffe baigne dans l'obscurité pour laisser très beau le geste idéal.
Car, issues des folles manches citrines, les mains pieuses conservent le plat d'argent où pâlissent les seins coupés par le bourreau — les seins inutiles qui se fanent.
Et regarde la courbe de ce corps que les robes allongent, des minces cheveux noirs à la pointe délicieuse du pied, il désigne mollement l'absence de tous fruits à la poitrine.
Mais la joie du supplice est dans ce commencement de la pureté : perdre les plus dangereux ornements de l'incarnation, — les seins, les doux seins, faits à l'image de la terre.
1891. Pièces sur l'art

Le tableau est également à l’origine du conte Agathe (1898) et du prénom de sa fille.

Figurine anatomique föminine en bois, Wellcome collection

Figurine anatomique féminine en bois, Europe

1600-1700

Science Museum, Wellcome collection, London

 

En savoir plus 

Le partie thorax-abdomen de la figurine en bois mesurant 43 cm de long s’ouvre pour révéler intestins, foie, estomac, poumons et diaphragme. Une fois les intestins enlevés, l'utérus apparait, puis encore un foetus. Muscles et artères sont gravés sous la partie amovible.

De nombreuses figurines de ce type existaient au XVII et XVIII mais elles étaient souevent plus petites et en ivoire. On ne sait pas très bien à quel usage elles étaient destinées. On suppose qu'elles servaient à informer un public curieux d'anatomie très en vogue à cette époque. Les figurines étaient peut-être aussi utilisées par les sages-femmes pour parler d'anatomie et de grossesse aux femmes enceintes.

Khosro rencontre Chirine au bain, Cycle pictural de huit sujets poétiques, Iran

Khosro rencontre Chirine au bain, Cycle pictural de huit sujets poétiques

Milieu du 18e siècle, Shiraz, Iran 

Brooklyn Museum,

 

En savoir plus

Le Cycle pictural de huit sujets poétiques a été peint par un artiste inconnu, à Shiraz, au milieu du XVIIIe siècle. Les huit peintures, destinées à des niches de salles de réception, illustrent les œuvres de poètes iraniens classiques comme Nizami ou Djami.

Le tableau Khosro rencontre Chirine au bain représente la rencontre légendaire entre le roi d'Iran Khosro II et la princesse arménienne Chirine, chantée par Nizami. L’oeuvre date de l'ère Zand (1751–1794), période de paix relative et de croissance pendant laquelle se développent les fondements de l’art fastueux de la dynastie Qajar (1786-1925). 

Aperçu sur les arts picturaux iraniens sous le règne zand

 

L'anatomie de l'abdomen, montrant les reins, les intestins, etc., d'après Haller, gravure A.J. Defehrt

L'anatomie de l'abdomen, montrant les reins, les intestins, etc., d'après Haller,  gravure, A.J. Defehrt

1762

Wellcome Collection

 

En savoir plus

  • Le Bernois Albrecht von Haller (1708 - 1777) est un médecin, scientifique, naturaliste, penseur et critique littéraire suisse, dont les travaux dans le domaine de l’anatomie, de la physiologie, de la connaissance des plantes et de la bibliographie ont fait référence pendant plusieurs siècles. Il est également reconnu comme poète, critique de littérature du siècle des Lumières et défenseur d'une foi chrétienne fondée sur la raison. Il est considéré comme l'une des personnalités les plus respectées de son temps. Wikipédia.
  • A.-J. de Fehrt (1723-1774) est un graveur et dessinateur norvégien, spécialisé dans l'illustration de livres. Il se spécialise, entre autres, dans la gravure scientifique et technique et collabore à l’Histoire naturelle de Buffon et à l’Encyclopédie de Diderot.  Recherches sur un graveur de l’encyclopédie
Diane sortant du bain, François Boucher, 1742

Diane sortant du bain, François Boucher

1742

Louvre
Via Wikimedia Commons

 

En savoir plus

Peintre de la cour de Louis XV et favori de la marquise de Pompadour, dont il a peint plusieurs portraits, François Boucher est un peintre et artiste décoratif du XVIIIe siècle. Le tableau “Diane sortant du bain” représente Diane, déesse de la chasse et de la lune, identifiée par les chiens de chasse, les oiseaux capturés, l’arc, le carquois de flèches et le diadème en or symbolisant un croissant de lune. L’écrivain Théophile Gautier la décrit ainsi:  « La déesse, qu'une de ses nymphes, agenouillée près d'elle, vient de déchausser, se prépare à entrer dans l'eau. Elle est nue, de cette nudité argentée des déesses virginales ; une de ses jambes relevée sur le genou, de l'autre jambe elle tâte l'eau ; elle tient à la main le fil de perles qu'elle vient de détacher de son col. Penchée en avant, elle incline un peu sa charmante tête vue de profil, aux cheveux retroussés, entremêlés de perles et où brille un petit croissant. Le col, les épaules, le torse, baignés d'ombres légères et transparentes, ont une souplesse, une fraîcheur et une grâce extrêmes.  [...] Boucher a ce mérite que ses moindres compositions font tableau et décorent le mur auquel on les suspend. » (cité par Dayot, 2017)

François Boucher

Pourquoi  Francois Boucher était-il rococo ? (podcast d'1minute)

Armand Dayot, Le musée du Louvre, tome 2 (of 2), 2017 - via Projet Gutenberg

Neuf organes,  Livre des organes, 1754, Yamawaki Tōyō's 

Neuf organes,  Notes sur les viscères, Yamawaki Tōyō's

1759 

Wikimedia Commons

 

En savoir plus

En 1754, le médecin Toyo Yamawaki (1705-1762), obtient l’autorisation du magistrat de Kyoto de faire pratiquer la première dissection au Japon, celle du cadavre d’un criminel et constate les erreurs répandues sur les visères. Cinq ans plus tard, il publie ses résultats dans un livre intitulé Zôshi (Notes sur les viscères, 1759). Il faut attendre la seconde moitié des années 1870 pour que des dissections soient effectuées à la faculté de médecine de Tokyo.

Occidentalisation de la médecine japonaise d’Edo à Meiji - Dissections et Anatomie

Inner Landscapes — Japan’s Reception of Western Conceptions of the Body

Estampe en couleurs - Femmes dans un bain public, Torii Kiyonaga

Estampe en couleurs - Femmes dans un bain public, Torii Kiyonaga

autour de 1787, période Edo, Japon

Library of Congress
via Wikicommons

 

En savoir plus

Torii Kiyonaga est un dessinateur d'estampes, peintre, et illustrateur. Il est connu pour sa conception de l'éternel féminin. Sa vision du monde s'inscrit entre idéalisme et réalisme, dégageant sérénité et équilibre. L’estampe en couleurs Femmes dans un bain public est un diptyque montrant des femmes dans un bain public ("sento"). Les bains publics se développent à l’ère Edo, marquée par le développement des villes, et deviennent des  lieux de détente et de plaisirs.

Dessin de D. Berger d’après D. Chodowiecki. Gravure faisantt partie du Manuel élémentaire d’éducation de J.B. Basedow

Figures anatomiques (en haut) ; un médecin prend le pouls d'un homme malade tandis que les deux générations suivantes l'assistent (en bas à gauche) ; des chirurgiens pratiquent des opérations sur un enfant et une femme. Dessin de D. Berger d’après D. Chodowiecki.

1774

Wellcome Collection

 

Cette gravure fait partie du Manuel élémentaire d’éducation de J.B. Basedow

 

En savoir plus

Daniel Nikolaus Chodowiecki (1726 -1801), est un artiste-peintre, illustrateur et graveur germano-polonais. Il est connu pour ses gravures de cuivre dont il illustre notamment l'Elementarwerk (Manuel élémentaire d'éducation) du pédagogue Johann Bernhard Basedow. Publié en 1774, cet ouvrage contient un système complet d'enseignement primaire. Il promeut des méthodes fondées sur le bon sens, la découverte de la nature, l'éducation physique et les activités manuelles. Il plaide également pour la fin des châtiments corporels et de l'apprentissage par cœur des langues. Les méthodes d'éducation qu'il a mises au point deviendront, au début du XIXe siècle, les piliers du système éducatif allemand.

Jean-Jacques Lagrenée, le Jeune, Bol en forme de sein présumé de Marie-Antoinette ou « Jatte téton » et son trépied, porcelaine dure, Manufacture de Sèvres, Cité de la Céramique Sèvres et Limoge

Jean-Jacques Lagrenée, le Jeune, Bol en forme de sein présumé de Marie-Antoinette ou « Jatte téton » et son trépied, porcelaine dure, Manufacture de Sèvres, Cité de la Céramique Sèvres et Limoges

Vers 1787

Exposition Carambolages, Grand Palais, Paris
Photo @Jean-Pierre Dalbéra - Flickr

 

En savoir plus

Le Bol-sein, ou Jatte-téton, fut créé en 1787 pour une commande royale destinée à la Laiterie de Rambouillet, lieu d’agrément offert par Louis XVI à la reine Marie-Antoinette. L’objet se compose d’un bol en forme de sein et d’un trépied indépendant orné de têtes et de sabots de bouc, animal favori de la reine. Selon la légende, la forme du bol aurait été obtenue par moulage du sein royal. Elle s'inspire en réalité d’une coupe en forme de sein utilisée dans les banquets grecs de l’antiquité. 

Cire anatomique de femme allongée  (ou Vénus anatomique) avec organes internes amovibles, probablement de l’atelier de Clemente Susini

Cire anatomique de femme allongée  (ou Vénus anatomique) avec organes internes amovibles, probablement de l’atelier de Clemente Susini

fin du 18e siècle, Florence 

Wellcome collection
via Wikicommons 


En savoir plus

“L’histoire de l’anatomie est profondément ancrée dans l’histoire de l’art : anatomie artistique et anatomie médicale se sont inspirées mutuellement pendant plus de trois siècles en Europe, de la Renaissance au néoclassicisme. L’art s’est alors emparé de l’anatomie et a esthétisé son iconographie, comme le montre bien le traité de Vésale illustré par Calcar, élève du Titien. Tout aussi utile à la formation des médecins qu’à celle des artistes, l’art des cires anatomiques est un art hybride, à mi-chemin entre sculpture et médecine, où le scientifique et l’esthétique s’entremêlent dans les laboratoires où la mort est au service de la vie [...] De l’illustration des traités médicaux aux recueils de planches et aux anatomies artistiques, le corps anatomique est corrigé par l’œil de l’artiste. Les cires sont un parfait exemple des collaborations entre artistes et anatomistes.”  (Palouzié et Ducourau 2017)  

Figure féminine (Dege Dal Nda), Maître d'Ogol XVIII-XIXe siècles

Figure féminine (Dege Dal Nda), Maître d'Ogol

XVIII-XIXe siècles

@ The Metropolitan Museum of Art 

 

En savoir plus

Cette figure féminine fait partie d'une douzaine d'œuvres attribuées au "Maître d'Ogol", du nom d'un village de la région de Sangha au Mali dont le travail se situerait en 1750 et 1840.

”Les œuvres attribuées au «Maître d'Ogol » - toutes féminines, debout, les mains se rejoignant devant l'abdomen - se caractérisent par la géométrie de leurs formes épurées, l'exceptionnelle dynamique des lignes dont les puissantes verticales sont rythmées par le jeu serré des brèves horizontales et des obliques faisant glisser le regard en profondeur. Leur parure détaille une coiffe en crête sagittale dont la tresse s'étire à l'arrière jusqu'aux épaules.

[Les œuvres dites Dege Dal Nda, ou "sculptures de la terrasse", sont utilisées pour les funérailles de dignitaires, à l'occasion desquelles elles sont habillées et exposées sur le toit-terrasse du défunt. Ces sculptures peuvent également provenir d'autels] édifiés pour les rites dédiés aux âmes des femmes mortes en couches. [Elles seraient aussi] sorties à l’occasion des naissances, des enterrements où elles seraient exposées sur la terrasse et, probablement aussi, à l’occasion de certains rites de fécondité et de pluie. Elles seraient la propriété des femmes, symbolisant l’ancêtre féminin.»  Sothebys

Dessin - Figure anatomique humaine, Népal

Dessin - Figure anatomique humaine, Népal

Vers 1800 ( ?) 

Wellcome collection

 

En savoir plus

“Ce dessin est entièrement tiré de la compréhension ayurvédique de l'anatomie humaine, contrairement aux autres images indiennes du corps humain. Les canaux et les organes dessinés sur le torse sont spécifiés comme dans la littérature ayurvédique, les organes étant nommés comme réceptacles de l'un ou l'autre des fluides organiques. Les légendes du texte sont des extraits du Bhāvaprakāśaḥ, écrit entre 1550 et 1590 par Bhāvamiśra. Cependant, les organes en Ayurveda, sont vus dans un contexte beaucoup plus large qu'en Occident. Ils sont les sièges des humeurs (vent, bile et flegme) et ne sont généralement pas engagés dans le type de traitement que la biomédecine occidentale moderne attend d'un "organe".  (Description du site de Wellcome collection traduite avec deepl)

Ayurveda

Marchand d' Esclaves ou La Perla del Mercader, Alfredo Valenzuela Puelma,1884, Chili

La Perla del Mercader,  Alfredo Valenzuela Puelma 

1884, Chili

Museo Nacional de Bellas Artes, Santiago, Chile
via Wikimedia Commons

 

En savoir plus

Alfredo Valenzuela Puelma (1856-1909) est un peintre chilien, connu pour avoir redonné naissance au portrait classique, notamment au nu.

Une bourse de l'État chilien lui permet de se perfectionner en Europe, notamment dans l’atelier de Benjamin Constant à Paris où il s’imprègne d’orientalisme. C’est à cette époque qu’il peint son tableau le plus célèbre, Marchand d'Esclaves ou La Perla del Mercader (1884), exposé aux Salons de Paris de 1884 et 1885  avant de revenir au Chili en 1894 où il occupe depuis une place importante dans  l’histoire de l’art chilienne.

Ce tableau emblématique de la collection permanente du Museo Nacional de Bellas Artes de Santiago présente une figure masculine debout tenant un voile qui recouvre partiellement une femme nue assise sur un tapis semblant exhibée comme une marchandise.

Planche 100, Tome III, Traité complet de l'anatomie de l'homme, par les Drs Bourgery et Claude Bernard et le professeur-dessinateur-anatomiste N.H. Jacob, avec le concours de Ludovic Hirschfeld.  Paris : L. Guérin, 1866-1867, Bourgery, Jean Marc

Planche 100, Tome III, Traité complet de l'anatomie de l'homme, par les Drs Bourgery et Claude Bernard et le professeur-dessinateur-anatomiste N.H. Jacob, avec le concours de Ludovic Hirschfeld.  Paris : L. Guérin, 1866-1867

via Old Book Ilustrations

 

-> Regarder l'oeuvre autrement : reconstitution pas à pas, de façon interactive de la dissection "sur papier" de la planche 100 , la plus grande et la plus complexe du Traité.

 

En savoir plus

 

Depuis 2015, un travail de recherche ambitieux est consacré au Traité complet de l’anatomie de l’Homme comprenant la médecine opératoire dont les résultats, donnés de façon claire et pédagogique accessible à tous, se trouvent sur le site Bourgery&Jacob - Dissection d'un atlas anatomique du XIX

On y apprend notamment qu"il a fallu vingt-trois années au médecin anatomiste Jean-Marc Bourgery et au peintre lithographe Nicolas-Henri Jacob pour achever en 1854 la rédaction de plus de 2000 pages de texte assorties des 726 planches lithographiques qui composent le Traité complet de l’anatomie de l’Homme comprenant la médecine opératoire. (A propos

Cet ouvrage, entièrement dessiné d’après nature, a été réalisé à partir de dissections et il a pour ambition de préparer ses lecteurs à observer à leur tour ce que décrivent les différentes planches anatomiques. Le chapitre dédié à la médecine opératoire et à son anatomie, détaille le matériel, les procédures, les gestes requis et les régions anatomiques concernées pour les différentes opérations soigneusement décrites. Cette partie tisse également un lien entre la réalité et sa représentation : elle est issue de l’observation afin de préparer le chirurgien à ce qu’il découvrira en situation.”

 La Femme à la vague, Gustave Courbet, 1868

 La Femme à la vague, Gustave Courbet

1868

Metropolitan Museum of Art, Collection H. O. Have, New York

 

En savoir plus

“Autoproclamé chef de file du réalisme en 1855, Gustave Courbet (1819–1877) est un artiste atypique dans l’école française du XIXe siècle. Considéré comme le peintre de l’art démocratique pendant la IIe République, il se rend célèbre en élevant au rang de sujets nobles l’image des paysans et des ouvriers. Artiste engagé et bon vivant, Gustave Courbet n’a jamais cherché non plus à atténuer son fort accent franc-comtois pour plaire au microcosme parisien. Il fut associé aux Communards en 1871 et accusé d’avoir commandité le déboulonnement de la colonne Vendôme. Sa posture d’artiste anticlérical, comme son œuvre, furent perçus par ses contemporains comme profondément politiques.”  (Beaux-Arts)

Son œuvre a marqué l'introduction du réalisme dans le nu. Courbet est ainsi le premier à représenter le corps tel qu'il le perçoit, sans l'idéaliser et sans le contextualiser. Si le XIXe a connu sa période de Vénus marines et d'ondines, la couleur de la peau et les poils sous les bras d’une déesse sont des éléments de réalisme inédits.

Fig. 316 in Anatomy : descriptive and surgical / by Henry Gray ; the drawings by H.V. Carter ; the dissections jointly by the author and Carter. 1858 

Fig. 316 in Anatomy : descriptive and surgical / by Henry Gray ; the drawings by H.V. Carter ; the dissections jointly by the author and Carter.

1858, Londres 

Wellcome Collection

 

En savoir plus

En 1858, deux médecins anglais Henry Gray (1827- 1861) et Henry Vandyke Carter (1831 - 1897) publient, à l’intention de leurs collègues chirurgiens, Anatomy : descriptive and surgical, intitulé aujourd’hui Gray's Anatomy. Réédité 42 fois depuis lors, la dernière en 2020, ce livre est considéré comme un manuel classique de l'anatomie humaine. Dans la version originale, les illustrations se distinguent particulièrement pour leur époque par les descriptions minutieuses accompagnées de légendes lisibles au premier coup d’oeil et le recours aux coupes.  

Evolution of Illustrations in Anatomy: A Study from the Classical Period in Europe to Modern Times

 

La Danseuse en pierre rouge, Henri Gaudier-Brzeska c.1913

La Danseuse en pierre rouge, Henri Gaudier-Brzeska

c.1913

Tate Gallery

 

En savoir plus

La Danseuse en pierre rouge est une sculpture en grès rouge qui exprime la synthèse des recherches de Gaudier-Brzeska sur l’expression de l’intensité des corps pris par le mouvement de la danse et l’élégance robuste du tracé d’inspiration primitiviste. Elle est considérée comme l’une des œuvres les plus importantes de l’artiste. [...]

Henri Gaudier-Brzeska, né en 1891 dans la commune et mort au front en 1915, a participé au renouveau de la sculpture du début du XXe siècle. Installé en Angleterre (il signe ses œuvres "Gaudier-Brzeska" en ajoutant à son nom celui de sa compagne) entre 1911 et 1914, sa production est d’abord marquée par l’influence de Rodin, dont il reprend la force expressive. Puis, au contact de Jacob Epstein et de Constantin Brancusi, il devient un adepte de la taille directe, sculptant directement le marbre ou la pierre. À partir de 1913, sa participation active au vorticisme, variante britannique du futurisme, l’érige en figure marquante de ce mouvement. L’œuvre de Gaudier-Brzeska se caractérise par des portraits, des nus, des sujets animaliers, des pièces décoratives et des œuvres quasi abstraites opérant une synthèse originale entre l’esthétique du cubisme et le primitivisme. Il produit plusieurs milliers de dessins et plus d’une centaine de sculpture”. (Dans les pas de l’artiste)

L’artiste décrivait ainsi  son travail : « Une belle statue vit comme un être organisé. Elle est différente selon l’angle où on la voit, selon le jour et l’heure. Les expressions changent et glissent sur son visage et ses membres, selon le jeu de la lumière et des ombres. C’est la seule observation des masses qui donne à ce jeu un aspect naturel et régulier ».

 

 

Der Mensch Als Industrielpalast (L'homme comme palais de l'industrie) in  Das Leben des Menschen (La vie de l'homme). 1922-1931

Der Mensch Als Industrielpalast (L'homme comme palais de l'industrie) in Das Leben des Menschen (La vie de l'homme).

1922-1931

Internet Archive

 

En savoir plus 

"«Enfin, une barque cellulaire touche la rive de nos pieds et se couche comme un navire échoué : d’un bond, nous la rejoignons et nous y embarquons. Elle se met à tanguer, de droite à gauche ; une poussée, et nous commençons notre voyage. Nous voguons ! Dans la barque cellulaire, sur le courant rouge doré du sang !»  Non, il ne s’agit pas là d’un extrait du premier épisode (La Planète cellule, 1986) de la fameuse série télévisée française Il était une fois… la Vie, mais d’un passage du moins célèbre Voyage féérique sur le courant sanguin écrit et illustré par Fritz Kahn en 1923.

[Le Dr Fritz Kahn (1888-1968) est un médecin berlinois, pédagogue, auteur de vulgarisation scientifique et un pionnier de l'infographie. L’affiche “L'homme comme palais de l'industrie”, quasi de grandeur nature, accompagne le cinquième et dernier volume de son livre "Das Leben des Menschen" (La vie de l'homme, 1922-1931).]

Fritz Kahn  s’est donné pour mission première de «démystifier la biologie et la pathologie en les présentant dans des termes et des images susceptibles d’éclairer la plupart des gens – et même de les réjouir». [Il]  travaille avec les techniques et l’esthétique de son temps. [Ses] choix graphiques [sont] éclectiques et [incluent ] des méthodes comme le photocollage, la peinture et le dessin, des styles comme la bande dessinée, le surréalisme et le dadaïsme notamment.

Lorsqu’il rapproche les liaisons neuromusculaires et le circuit électrique d’une sonnette, Fritz Kahn s’impose incontestablement comme le Francis Picabia de la vulgarisation scientifique. En témoigne le titre de sa plus célèbre affiche, le corps humain est selon lui un amusant palais de l’industrie bien plus qu’une inquiétante machine automatique [...] à la Descartes” (Tony Côme)

Eyes, Louise Bourgeois, 1997

Eyes, Louise Bourgeois

1997

Tjuvholmen Sculpture Park, Oslo, Norvège (Selvaag Art Collection)
Via Wikimedia Commons

 

En savoir plus

"Eyes or Boobs ?",  "Cornées ou mamelons?" se demandent quelques internautes en découvrant ces sculptures de granit noir mesurant chacune 1,60 m de diamètre. La question semble légitime tant l'artiste pratique la métaphore avec un zeste de surréalisme. On retrouve cette même ambiguité dans l'oeuvre "Blue is the color of your eyes" (2008, MoMA) où Louise Bourgeois (1911-2010) parle des yeux, mais ... dessine des seins.

"Louise Bourgeois est connue pour sa sculpture et ses installations monumentales. Elle explore des thèmes tels que l'univers domestique, la famille, le corps, notamment les organes sexuels, tout en abordant une approche qui se traduit comme une manifestation des subconscients et la réactivation de souvenirs de son enfance."  (Wikipedia -  Louise Bourgeois )

Indigestibles: Last Resort, Installation immersive, Paysage sonore et vidéo, Dafna Maimon, 2021

Indigestibles: Last Resort, Installation immersive, Paysage sonore et vidéo, Dafna Maimon

2021

Photo, Helsinki-partners / Helsinki Biennal 2021

Description de l'oeuvre (anglais) et vidéo sur le site de l'artiste

 

En savoir plus

" Les performances, sculptures, installations,  vidéos et dessins de [Dafna Maimon, artiste finno-israélienne, née en 1982 et basée à Berlin], dressent un portrait à la fois comique et lugubre de la situation dans laquelle nous nous trouvons en tant qu'espèce et omnivores suprêmes autoproclamés de la planète. Les œuvres récentes de Maimon peuvent être vues comme une sorte de trilogie sur le processus d'ingestion : malbouffe, dans sa performance Wary Mary (2019), mastication et masticage, dans sa vidéo et son installation Leaky Teeth (2021) et voyage sonore dans les intestins des Indigestibles.... [...]

Ces dernières années, des chercheurs [...]ont suggéré que le terme "omnivore" n'était pas assez précis pour décrire l'évolution particulière du système digestif humain, proposant plutôt le terme "coctivore", du latin coquere, cuisiner, qui reflète mieux la façon dont la cuisson des aliments nous a permis d'accéder plus largement aux nutriments, ce qui a amené à des estomacs plus petits et à une plus grande mobilité. L'œuvre de Maimon montre où mène l'estomac du coctivore : dans un petit coin solitaire où les sauces sont abondantes et où tout est surcuit et surconsommé. La diffusion honteuse de la salmonelle, le claquement des viscères qui rebondissent, le gémissement des bactéries - tout cela, suggère Maimon, est un moyen de retrouver le chemin des multiplicités contradictoires du corps. Dans le monde de Maimon, ce n'est pas tant "vous êtes ce que vous mangez" que "vous êtes comment vous mangez", comment vous mâchez et avalez, et avec qui vous mangez - la lente danse communautaire de l'ingestion du monde, qui ondule doucement tandis que je me dissous en nous." (traduction deepl d'extraits de Art Review: Dafna Maimon, Indigestibles: Last Resort, 2021.

Video, 10' (anglais)  Indigestibles: Heartburn, Dafna Maimon 2021

"Sans titre (série Savoureux d'elle)",  Philippe Mayaux

2006

©  Courtesy Piguet Hôtel des Ventes

 

En savoir plus

“En 2006, l'artiste plasticien Philippe Mayaux [né en 1961, lauréat du Prix Marcel Duchamp 2006 ] nous a régalés d'un festin dont nos papilles n'avaient jamais osé rêver. Babas, savarins, macarons… Miam ! Servis sous cloche, comme dans un grand restaurant, sauf que le couvert était dressé au Centre Georges Pompidou, à Paris, pour un public de connaisseurs conquis. Mais, regardé de près, l'effet d'optique s'évanouissait pour laisser l'œuvre dans sa réalité crue, soudain chargée d'une tout autre saveur… Des mamelons, des doigts, des nez, des sexes, des organes en veux-tu en voilà. Une orgie de morceaux de choix arrangés entre génoises, ganaches et coulis, pour rendre ces mets irrésistibles. Et ils le sont, puisqu'on salive. Bien que terriblement dérangeants, aussi. Mayaux, ce faisant, délivre en effet une œuvre Savoureux d'elle (qui comprend la série Savoureux de toi) qui franchit la crête de la transgression. Celle qui sépare l'art de l'érotisme – une autoroute qu'empruntent les artistes depuis la nuit des temps –, mais surtout celle qui permet de basculer vers le tabou ultime : l'anthropophagie.

Bizarre... Et l'on fait bien de se demander pourquoi. Ce «  toqué » de Mayaux nous éclaire sur le sens de ces petits plats cannibales avec une autre œuvre : Reconstruction. Une vitrine de morceaux de corps de l'être aimé. L'idée lui en est sinistrement venue après le 11 septembre 2001 en apprenant le travail caché, mais non moins titanesque, des secours qui a consisté à collecter les restes des victimes soufflées durant l'explosion des tours jumelles et à les rendre aux familles… Aimer l'autre, même en pièces. Bon, sinon, vous reprendrez bien un petit gâteau, non ?” Le Point : Les seins dans l'art #10 : "Savoureux de toi", de Philippe Mayaux

Cellules caliciformes dans une crypte intestinale

Image [Cellules caliciformes dans une crypte intestinale]  “Protein MUC5b (red) in crypt-resident goblet cells; MUC2 (green) in all goblet cells”
Image d'illustration du communiqué : Scientists Map Entire Human Gut at Single Cell Resolution

2022

 

En savoir plus

Des scientifiques cartographient l'intégralité de l'intestin humain à l'échelle d'une seule cellule. L'image illustrant l'article est magnifique. Peut-on parler d’image artistique ? 

“L’image scientifique, photo ou dessin  [...] a souvent un intérêt esthétique, qu’il soit maîtrisé ou non par son auteur. Elle pourra alors être détournée de sa fonction première informative et exposée et appréciée comme telle.”  (Lissalde 2001)  

Dans son article qui “questionne les porosités grandissantes entre images scientifiques et images artistiques” Vladova (2022) ajoute : “ Bien plus que par la diversification et la généralisation des techniques de production des images dans différentes branches scientifiques, c’est par la prise au sérieux de l’image comme évidence ou élément de la preuve scientifique que les dernières décennies ont bousculé les rapports entre le statut du visuel dans l’art et la science. Au lieu d’endosser un rôle avant tout illustratif ou didactique en science, l’image se montre pleinement dans sa valeur heuristique et cognitive. Elle est de plus en plus fréquemment questionnée par les scientifiques en tant qu’outil de recherche légitime, tout comme elle l’a été depuis longtemps par les historiens de l’art par rapport à son rôle dans les arts. Inversement, la création contemporaine ne se borne pas à adopter des acquis ou outils scientifiques, mais tend de plus en plus à exposer la science et à partager avec celle-ci un territoire commun.

Disque de Nebra

1 600 avant J.-C. 

Landesmuseum für Vorgeschichte, Halle, Allemagne  
Via Wikicommons 

Nous achevons notre promenade de l'avent dans un clin d'oeil de l'âge de bronze ou de fer - une querelle sur la datation agite les scientifiques - avec le plus ancien smiley, pardon - la plus ancienne représentation du cosmos connue. 

Nous vous souhaitons des fêtes pleines d'étoiles et de joie et une belle et heureuse année 2023.