Notre calendrier de l'Avent vous invite cette année à découvrir des conceptions différentes de la santé, au fil des âges et les cultures. Nous avons choisi pour vous des citations de figures marquantes que vous découvrirez jour après jour. Une manière de partager notre intérêt et notre curiosité pour la santé.

Au-delà de cette initiative festive, le cœur de notre mission reste inchangé. Convaincus que la sensibilisation de toutes et tous et l’accès à un dépistage de qualité permettent de lutter contre les cancers du sein et du côlon, nous continuerons à nous engager à vos côté en 2024.

Nous vous adressons nos vœux les plus chaleureux pour une année 2024 riche en découvertes. 

Tout ce qui est excessif est contraire à la nature 

Hippocrate (460-370 av. J.-C., Grèce)

 

Aphorimes, section 2, 51
Traduction de Ch. V. Daremberg (1844)
 

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Citation complète : Évacuer ou remplir, échauffer ou refroidir beaucoup et subitement, ou mettre le corps en mouvement de quelque autre manière que ce soit, est dangereux; car tout ce qui est excessif est contraire à la nature ; mais ce qui se fait peu à peu n'offre aucun danger [dans les choses accoutumées], et surtout quand on change une chose en une autre. Aphorimes, section 2, 51 - Traduction de Ch. V. Daremberg (1844) 

Selon Hippocrate, médecin de l'Antiquité, la santé d'une personne dépendait de l'équilibre entre quatre humeurs ou fluides corporels : le sang, la bile jaune, la bile noire et le phlegme. Chacune de ces humeurs était associée à certaines qualités élémentaires et prédominait dans une saison correspondante : le sang, chaud et humide, était lié au printemps ; la bile jaune, chaude et sèche, à l'été ; la bile noire, froide et sèche, à l'automne ; et le phlegme, froid et humide, à l'hiver.

Un déséquilibre dans ces humeurs pouvait causer des problèmes de santé. Par exemple, un excès de bile jaune pouvait rendre une personne irritable ou colérique, tandis qu'un excès de phlegme pouvait provoquer un écoulement nasal. Pour maintenir la santé, Hippocrate recommandait non seulement l'équilibre des humeurs, mais aussi la pratique de la modération en toute chose, en évitant notamment les excès dans le régime alimentaire, l'exercice physique et d'autres aspects de la vie quotidienne. 

La théorie des humeurs a contribué à façonner la compréhension de la santé et de la maladie à l'époque de l'Antiquité. Affinée et popularisée par le médecin grec Claude Galien (vers 129-vers 201), elle jouera un rôle majeur en médecine jusqu'à la Renaissance .

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Gravure d'Hippocrate d'après Rubens, Paulus Pontius 1638
© Public domain, via Wikimedia Commons

L'habitude d'une vie simple et modeste est une bonne façon de soigner sa santé, et rend l'homme par surcroît courageux pour supporter les tâches qu'il doit nécessairement remplir dans la vie. 

Épicure (341-270 av. J.-C., Grèce)

Lettre à Ménécée

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Pour le philosophe grec Épicure, être en bonne santé c'est vivre une vie heureuse, en contrôlant ses désirs et en cherchant un plaisir stable et durable. Dans sa Lettre à Ménécée, Épicure met en valeur le plaisir non pas comme une fin en soi, mais comme un moyen d'atteindre l'absence de trouble de l'esprit (ataraxie), l'absence de trouble physique (aponie). Une vie saine est synonyme de bonheur et repose sur la simplicité et la modération.

 Épicure affirme que la santé physique et mentale est renforcée par une vie sobre qui aide également à endurcir l'individu pour faire face aux défis inévitables de la vie.

Épicure propose également un remède philosophique (le tetrapharmakos) pour traiter les maux inhérents à la condition humaine. Ce remède consiste en quatre principes : ne pas craindre Dieu, ne pas s'inquiéter de la mort, reconnaître que le bonheur est facile à obtenir, et comprendre que la souffrance est supportable. Ces principes visent à promouvoir un état de bien-être global, où la santé n'est pas seulement une question de corps, mais aussi d'esprit.

 

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Portrait d'Épicure, fondateur de l'épicurisme.
Copie romaine d'un original hellénistique. (III e siècle tardif–début du II e siècle av. J.-C.)  British Museum,
Public domain, via Wikimedia Commons

 

Lorsqu'une personne souffre d'une grande tristesse, elle doit manger une quantité importante d'aliments qui lui conviennent, afin de se revigorer par la nourriture, car la tristesse lui pèse

Hildegarde de Bingen (1098-1179, Allemagne)

Causae et curae

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Hildegarde de Bingen (1098-1179) était une abbesse, théologienne, mystique, visionnaire et poétesse du XIIe siècle connue pour ses contributions en musique, médecine et théologie. Ses œuvres incluent "Physica" et "Causae et Curae", qui décrivent le cosmos, la nature humaine, le corps, ainsi que les causes et les remèdes des maladies et des fonctions corporelles.

Dans ses écrits, Hildegarde de Bingen se base sur la théorie humorale, affirmant que l'équilibre des fluides corporels (bile jaune, bile noire, sang et phlegme) est essentiel pour la santé. Elle introduit également le concept de "viriditas" ou "verdure", qu'elle considère comme l'essence ou l'énergie de chaque chose, y compris les êtres humains. Selon elle, la "viriditas" est présente dans toute la création et doit être préservée par l'alimentation pour maintenir la santé et l'équilibre.

La citation tirée de "Causae et Curae", illustre sa vision holistique de la santé, selon laquelle la nourriture peut influencer notre bien-être émotionnel et physique. Une alimentation équilibrée est ainsi recommandée pour prévenir diverses maladies, y compris la dépression.

Aujourd'hui, Hildegarde de Bingen est devenue une figure emblématique dans la quête contemporaine du mieux-être, combinant des connaissances traditionnelles avec des perspectives modernes sur la santé et le bien-être.

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Illumination du Scivias d'Hildegarde de Bingen (1151) la montrant recevant une vision et dictant à son professeur Volmar, Miniature du Codex de Rupertsberg du Liber Scivias, Public domain, via wikicommons

Il est du devoir de l'homme d'éviter tout ce qui nuit au corps et de développer des habitudes qui favorisent la santé et la vigueur.

Moïse Maïmonide (1138-1204, Espagne)

Hilkhot Dé'ot (traits de caractère)

 

Citation complète

En maintenant le corps en bonne santé et vigueur, on suit les voies de Dieu, car il est impossible, en étant malade, de comprendre ou de connaître le Créateur. Ainsi, il est du devoir de l'homme d'éviter tout ce qui nuit au corps et de développer des habitudes qui favorisent la santé et la vigueur.

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Moïse Maïmonide, né à Cordoue en 1138 et décédé à Fostat en 1204, est un philosophe, talmudiste et médecin du Moyen Âge. Il a compilé la jurisprudence talmudique et étudié les textes de la médecine arabe et grecque, tout en cherchant à concilier la pensée d'Aristote avec le judaïsme.

Ses dix traités médicaux illustrent son éthique du soin, dans lesquels il développe une philosophie visant à placer l'humain et sa santé dans une unité associant le corps et l'esprit. Cette approche, qui unit aspects physiques et spirituels, souligne l'interdépendance entre le corps et l'âme. Pour Maïmonide, un corps sain est essentiel pour comprendre et connaître le Créateur.

Maïmonide accordait une grande importance à la diététique pour la santé physique, mentale et émotionnelle. Il établissait un lien entre la médecine et l'éthique, voyant la régulation des passions et la santé mentale comme relevant à la fois de la médecine et de la philosophie.

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R. Burgess, Portraits of doctors & scientists in the Wellcome Institute, London 1973, no. 1876.1 

Pour soigner ces maux [la peste noire], les conseils des médecins ne servaient apparemment à rien, non plus que la vertu d’aucune médecine n’apportait de remède

Boccace (1313-1375, Italie)

Décaméron

Traduction de 1884  : "Pour en guérir, il n'y avait ni conseil de médecin, ni vertu de médecine qui parût valoir, ou qui portât profit [...] Au contraire, soit que la nature du mal ne le permît pas, soit que l'ignorance des médecins —parmi lesquels, outre les vrais savants, on comptait un très grand nombre de femmes et d'hommes qui n'avaient jamais eu aucune notion de [...] médecine — ne sût pas reconnaître de quelle cause il provenait et, par conséquent, n'appliquât point le remède convenable, non-seulement peu de gens guérissaient, mais presque tous mouraient dans les trois jours de l'apparition des signes susdits, qui plus tôt, qui plus tard, et sans éprouver de fièvre, ou sans qu'il survînt d'autre complication."
Le Décaméron / Boccace ; traduction nouvelle par Francisque Reynard  - Gallica - Bibliothèque nationale de France

 

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Giovanni Boccaccio, plus connu sous le nom de Boccace, était un écrivain et poète italien du XIVe siècle. Il a été témoin de la peste noire à Florence, une expérience qui a influencé son œuvre "Le Décaméron". Ce recueil de nouvelles est raconté par un groupe de jeunes gens qui se sont isolés à la campagne pour échapper à l'épidémie.

La situation que Boccace décrit dans 'Le Décaméron', caractérisée par des incertitudes médicales et des défis sociétaux, rappelle les difficultés rencontrées lors de la pandémie de COVID-19. Ces deux événements historiques montrent comment les crises sanitaires mettent à l'épreuve la résilience et les systèmes de santé des sociétés. Tout comme la peste noire a transformé la société médiévale, la pandémie de COVID-19 a changé notre vie en affectant profondément la société et l'économie.

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Andrea del Castagno  (1420–1457) , Boccace c 1450, Galerie des Offices, Florence via wikimédia

 

Traiter une maladie, c'est comme attendre d'avoir soif pour creuser un puits

Communément attribué à Li Shizhen (1518-1593, Chine)

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Li Shizhen (1518-1593) était un médecin, apothicaire et naturaliste chinois de la dynastie Ming. Il a rassemblé, corrigé et enrichi les textes de pharmacopée dans une encyclopédie de 52 volumes nommée "Ben Cao Gang Mu", signifiant « classes et ordres des plantes médicinales ». Cet ouvrage inclut la description de 1094 plantes, 444 animaux, 275 minéraux, ainsi que celle de 374 nouveaux médicaments et 500 traitements, formant une base respectée de la pharmacopée traditionnelle chinoise.

Li Shizhen a aussi contribué à améliorer le diagnostic des maladies par l'étude du pouls. En plus, il a été l'un des premiers en Chine à identifier et traiter les calculs biliaires, à utiliser le froid pour réduire la fièvre, à recourir à la fumigation pour prévenir les infections, et à mettre en garde contre les dangers d'intoxication au monoxyde de carbone et au plomb. Son travail reflète son intérêt pour une médecine à la fois préventive et curative.

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R. Burgess, Portraits of doctors & scientists in the Wellcome Institute, London 1973, no. 1876.1 

La santé est une richesse précieuse, et en vérité, la seule qui justifie qu’on y consacre son temps, son effort, et même toute une vie

Montaigne (1588-1592, France)

Essais, Livre 2

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"Dans ses 'Essais', Michel de Montaigne, humaniste français de la Renaissance, souligne que le corps et l'esprit sont étroitement liés, les problèmes de l'un pouvant affecter l'autre. Montaigne souligne par ailleurs l'importance du physique sur le mental et suggère que l'éducation développe simultanément le corps et l'esprit

Pour le philosophe, la santé est un état de bien-être du corps et de l'esprit. Atteindre l'équilibre entre les deux exige de cultiver corps et esprit et repose sur une bonne connaissance de soi. Montaigne recommande l'adoption d’un mode de vie empreint de mesure, de bonnes habitudes à table, dans la vie et avec ses amis et d’avoir une attitude positive faite de pensées « folastres » et « gayes ». Il nous invite aussi à nous entourer de personnes en bonne santé et gaies, car la vue des souffrances d’autrui pourrait nous affecter inutilement…  

Montaigne décrit la santé comme « une prétieuse chose », source d'un « plaisir solide, charme et moëleus ». Selon André Comte-Sponville "Montaigne n’a cessé de le répéter : le vrai but de la vie n’est pas de ne pas souffrir mais de jouir et de se réjouir ! Pour lui, le plaisir est le souverain bien, encore plus important que la santé. Si Montaigne valorise tant la santé, c’est parce qu’elle est la condition du plaisir…"

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Michel de Montaigne, auteur inconnu, vers 1570, via Wikimedia commons

 

Je me suis mis à être un peu gai, parce qu’on m’a dit que cela est bon pour la santé 


Voltaire, François-Marie Arouet dit (1694-1778, France)

Lettre à l'Abbé Trublet, 27 avril 1761

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Voltaire a enduré de multiples maladies tout au long de sa vie. Il s’en plaignait dans sa correspondance affirmant constamment qu’il était à l’article de la mort. Il était aussi connu pour son hypochondrie et consommait force médicaments et consultations, tout en critiquant la « tyrannie ignorante » des médecins.

Dans une lettre adressée à d'Alembert, qui se plaignait de « mauvaises digestions, Voltaire écrit : “ Votre estomac et votre cul, mon cher ami, ne peuvent pas être pire état que ma tête. Ma petite apoplexie vaut bien vos déjections. Mettons l’une et l’autre dans le même plat, vos entrailles et mes méninges, et présentons les à la philosophie. Je meurs accablé par la nature qui m’attaque par en haut, quand elle vous lutine par le bas ”[…]

Toutes ces misères n’altéraient guère l’inextinguible drôlerie et l’optimisme de Candide » (Brechant). Dans "Zadig", il aborde encore avec humour les pratiques médicales superstitieuses et l'obscurantisme de son temps, prônant la simplicité et l'efficacité de méthodes accessibles telles que l'exercice physique et la sobriété.

Des années plus tard, en 2016, c'est le président de la Confédération Johann Schneider-Ammann qui vantera l'effet thérapeutique de l'humour en affirmant que "rire, c'est bon pour la santé" avec une gravité qui fera rire au delà de la Suisse.

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Voltaire, François-Marie Arouet dit (1694-1778) écrivain
1778
Houdon, Jean Antoine
Louvre

 

 

 

Il est beaucoup moins coûteux de promouvoir la santé que de maintenir les gens dans la maladie.

Florence Nightingale, (1820-1910, Angleterre)

Health and Local Government, 1894

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Florence Nightingale a réinventé le métier d'infirmière et révolutionné les soins hospitaliers au milieu du XIXème siècle. Femme de science autant que de terrain, elle excelle en mathématiques et met à profit ses compétences en statistiques pour améliorer la compréhension des maladies et de leurs coûts posant ainsi les fondations de l'épidémiologie moderne.

Défiant la philanthropie traditionnelle de son époque, souvent limitée à des actes de charité ponctuels, Nightingale insiste sur des solutions durables. Elle prône l'amélioration des conditions d'hygiène dans les hôpitaux et le développement des soins infirmiers pour les malades pauvres à domicile, ainsi que la prévention des maladies par l'enseignement de l’hygiène. Pour elle, l'infirmière de santé doit être formée à la nature de la pauvreté et à son influence sur la santé.

En 1859, la Genevoise Valérie de Gasparin fonde l'École normale de garde-malades indépendante, à Lausanne. En créant ainsi la première école laïque en soins infirmiers, elle cherche à les affranchir  des influences prédominantes des institutions religieuses de l'époque dans ce domaine. Elle a ainsi contribué à la professionnalisation des soins infirmiers en Suisse et joué un rôle dans l'émancipation des femmes, en leur offrant la possibilité de se former et d’exercer une profession rémunérée. Bien que moins célèbre que Nightingale, Gasparin a également contribué à transformer les soins infirmiers en une pratique reconnue et respectée.

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Florence Nightingale
Photographie de Henry Hering, vers 1860, Public domain, via Wikimedia Commons
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Florence_Nightingale_(H_Hering_NPG_x82368).jpg

 

 

Il n’y a pas de santé en soi [...]. C’est de ton but, de ton horizon, de tes pulsions, de tes erreurs et en particulier des idéaux et fantasmes de ton âme que dépend la détermination de ce que doit signifier la santé même pour ton corps. 

Friedrich Nietzsche (1844-1900, Allemagne)

Le Gai Savoir, III, 120   

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Pour le philosophe Friedrich Nietzsche, la santé n’est pas le contraire de la maladie, ni l’inverse. Ce n'est pas non plus un état ou un bien acquis. Selon lui, la santé est un processus dynamique : être en bonne santé c'est avoir la capacité de faire face à la maladie et de la surmonter.

Confronté à la maladie tout au long de sa vie, Nietzsche, considère que maladie et douleur sont des réalités à accepter et contre lesquelles il ne faut pas lutter. Elles ne nous rendent pas meilleurs, mais nous approfondissent en nous amenant à réfléchir sur nous-mêmes et sur des sujets que nous n’aurions pas abordés spontanément. En composant avec elles et en les dépassant, on y puise une forme de force qui peut conduire à une appréciation plus intense et plus sensible de la vie quotidienne.

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Friedrich Nietzsche
1906
Edvard Munch
Public domain, wikimedia

 

 

La pauvreté, le typhus, la diphtérie, les incendies. Nous avons affaire ici à une dégénérescence causée par une lutte intense pour la vie.

Anton Pavlovitch Tchekhov (1860 – 1904, Russie)

Oncle Vania, 1897

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Citation complète

« Si, à la place de ces forêts détruites, passaient une route, des chemins de fer ; s’il y avait des usines, des fabriques, des écoles, les gens seraient mieux portants, plus riches, plus intelligents ; mais il n’y a rien de semblable. Il y a, dans ce district, les mêmes marais, les mêmes moustiques ; pas de chemins. La pauvreté, le typhus, la diphtérie, les incendies. Nous avons affaire ici à une dégénérescence causée par une lutte intense pour la vie. Dégénérescence due au croupissement, à l’ignorance, au manque absolu de conscience, à ce moment où l’homme, transi, affamé, malade, pour sauver ses restes de vie, pour conserver ses enfants, se jette instinctivement sur ce qui peut apaiser sa faim, le réchauffer, et où il détruit tout, sans penser au lendemain... Presque tout est déjà détruit, mais, en revanche, rien n’est encore créé. »

Oncle Vania, 1897

 

Anton Tchekhov, né dans une famille modeste, a débuté sa carrière d'écrivain pour subvenir aux besoins de sa famille et financer ses études de médecine. Diplômé en 1884, il a soigné, souvent gratuitement, les pauvres et les paysans, ouvert des dispensaires et lutté contre les épidémies. Il a également fait une visite de trois mois au bagne de Sakhaline, décrivant les conditions de vie inhumaines des déportés.

Tchekhov fut un témoin attentif des réalités sociales et sanitaires de la Russie de la fin du XIXe siècle et son expérience de médecin a nourri son œuvre. Il fera ainsi dire à un personnage de "La Mouette" : "Si je suis un véritable écrivain, j’ai le devoir de parler du peuple, de ses souffrances, de son avenir." Dans "Oncle Vania", il aborde les questions de santé publique et d'environnement en faisant évoquer par le Dr Astrov, les conséquences désastreuses de la destruction de l’environnement sur la santé et l'avenir des communautés rurales.

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Anton Tchekhov
1898
Osip Braz
 Public domain, wikimedia

 

Lorsque nous sommes en bonne santé, [l]’intelligence agit en maître vis-à-vis des sens. Mais, dès que nous déclinons, [la signification des mots] s’avère d’autant plus riche qu’elle nous est parvenue d’abord par la voie des sens.

Virginia Woolf (1882-1941, Angleterre)

De la maladie (On being Ill, 1926)
Traduit de l’anglais par Elise Argaud
Rivages Poches Petite Bibliothèque, 2018

 

Citation complète

Lorsque nous sommes en bonne santé, la signification l’emporte sur le son. L’intelligence agit en maître vis-à-vis des sens. Mais, dès que nous déclinons, avec la police congédiée, nous nous approchons subrepticement d’un poème obscur de Mallarmé ou de Donne, de quelque expression de latin ou de grec, et les mots livrent leur parfum, distillent leur saveur ; alors, si nous finissons par en saisir la signification, celle-ci s’avère d’autant plus riche qu’elle nous est parvenue d’abord par la voie des sens, par l’intermédiaire du palais et des narines, telle une odeur intrigante.

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    Virginia Woolf pense que l'esprit et le corps sont étroitement liés, une interaction  particulièrement évidente quand la maladie modifie notre façon de percevoir le monde et notre manière de créer. 

    Selon Woolf, la maladie offre une pause dans le tumulte de la vie, nous isole et agit comme une révélation. Les faux-semblants s'évanouissent et les obligations quotidiennes perdent leur importance, ouvrant la voie à une introspection qui transforme notre perception du monde.  

    La chambre d'un malade est un lieu où l'on aborde la littérature sans inhibition car la maladie influence notre manière de l'interpréter.. La maladie nous permettrait, par exemple, de mieux comprendre l'oeuvre de Stéphane Mallarmé ou John Donne dont le sens nous parviendrait «par l'intermédiaire du palais et des narines» !

    Virginia Woolf, qui lutte contre des problèmes de santé mentale depuis l'adolescence, nourrit ses écrits de son expérience. Elle considère la maladie comme un moment propice à la création et voit l'écriture comme une forme de thérapie - ce qui ne la mettra pourtant pas à l'abri du suicide à l'âge de 59 ans.

    Son oeuvre aborde des thèmes liés au bien-être psychologique, à l'impact du traumatisme et aux complexités de la psyché humaine, offrant ainsi un aperçu de sa compréhension de la santé mentale et de la maladie.

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    Portrait de Virginia Woolf, vers 1917
    Roger Fry (1866–1934) 
    Public domain, via Wikimedia Commons

    La santé de la femme ne doit-elle pas être prise en compte ? Doit-elle rester une simple machine à produire ? Sans maîtrise de la contraception, elle ne pourra pas trouver le temps de réfléchir et de se développer. Privée de ce temps, elle demeurera une travailleuse corvéable et son mari un ouvrier asservi, continuant à fournir au marché une main-d'œuvre à bas coût.

    Margaret Sanger (1879-1966, États-Unis)

    The Case for Birth Control, 1917
    Traduction/adaptation de la citation avec Chat GPT

    Version originale

    Is woman's health not to be considered? Is she to remain a producing machine? Is she to have time to think, to study, to care for herself? Man cannot travel to his goal alone. And until woman has knowledge to control birth she cannot get the time to think and develop. Until she has the time to think, neither the suffrage question nor the social question nor the labor question will interest her, and she will remain the drudge that she is and her husband the slave that he is just as long as they continue to supply the market with cheap labor.

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    Au début du XXe siècle, la société américaine était en pleine mutation, notamment en ce qui concernait la condition des femmes : remise en question des rôles traditionnels, évolution des comportements sexuels, et intérêt croissant pour la liberté sexuelle et le contrôle des naissances.

    Infirmière de profession, Margaret Sanger fut directement confrontée aux conséquences souvent dramatiques du manque de contraception sûre et des avortements clandestins. Elle milita alors pour un accès à l’information et à la contraception.

    Sanger considérait la limitation des naissances comme un moyen essentiel de sortir les femmes d'un cycle de pauvreté et d'exploitation, exacerbé par les familles nombreuses et le manque de formation. La maitrise de la fécondité offrait aux femmes la possibilité de penser, de se développer, et de poursuivre une éducation, favorisant ainsi leur autonomie. Pour Sanger, le contrôle de la fertilité était autant une question de santé publique que d'émancipation. Elle a également souligné l'impact négatif des grossesses non désirées sur les relations de couple.

    En 1916, Sanger ouvrit la première clinique de contrôle des naissances à New York, bravant des lois restrictives telles que la loi Comstock de 1873, qui interdisaient la diffusion d'informations sur la contraception. Elle fonda la "Ligue pour le Contrôle des Naissances" en 2021, l’organisation qui deviendrait plus tard  Planned Parenthood.

    Malgré la controverse liée à son association avec le mouvement eugéniste, l’engagement de Sanger a permis de sensibiliser le public et d’influencer la législation, ouvrant la voie à une meilleure prise en charge médicale de la santé reproductive des femmes. Son combat s'inscrivait dans un contexte de lutte pour les droits des femmes et contre la pauvreté et a contribué à modifier la perception de la contraception, la faisant évoluer d'une pratique privée réservée aux classes aisées à un enjeu de santé publique.

     

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    Margaret Sanger Underwood & Underwood, 1922 Public domain, via Wikimedia Commons

    Tomber malade : vieille notion qui ne tient plus devant les données de la science actuelle. La santé n'est qu'un mot qu'il n'y aurait aucun inconvénient à rayer de notre vocabulaire. Pour ma part, je ne connais que des gens plus ou moins atteints de maladies plus ou moins nombreuses à évolution plus ou moins rapide. 

    Jules Romains (1885-1972, France)

    Knock (avec Louis Jouvet, 1953, à 1'10)

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    En 1923, Jules Romains, écrivain, poète et dramaturge français, publie 'Knock', une comédie qui deviendra l'un de ses plus grands succès. Rédigée aux lendemains de la Première Guerre mondiale, l’œuvre reflète les mutations de la société française face à la modernité et à l'émergence de la publicité et de la consommation de masse. Elle se distingue par la satire mordante de la médecine et la dénonciation du pouvoir de l'idéologie et des dangers de la manipulation de masse.

    La pièce met en scène le Dr Knock, un médecin charlatan qui proclame que "Les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent ». Il use de la peur de la maladie pour dominer ses patients, révélant un manque d'éthique médicale et l’absence de décision partagée (terme anachronique). En même temps, Knock se transforme en un gourou charismatique, élevant la médecine au rang de culte, tandis que la science devient la véritable religion maintenant les individus captifs d'un ensemble de croyances qui les dépassent et les soumettent.

    Dans une œuvre visionnaire et très drôle, Jules Romains souligne les dangers d'une médecine qui médicalise la vie quotidienne, préfigurant les problèmes de surmédicalisation et de commercialisation de la santé. Il met également en garde contre les risques de manipulation exercée par toute forme d'autorité

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    Jules Romains (recadré)
    1934
    Carl Van Vechten(1880-1964)
    Public domain, via Wikimedia Commons)

     

    Aujourd’hui, il est quasiment certain que l’individu moyen commence sa vie avec une première cargaison de produits chimiques dans le corps […]  Nous avons de bonnes raisons de penser que cela commence quand il se trouve encore dans l’utérus.

    Rachel Carson (1907-1964, États-Unis)

    Printemps silencieux, 1962

    Texte original, Silent Spring (Houghton Mifflin, 1962)

    Insecticide residues have been recovered from human milk in samples tested by Food and Drug Administration scientists. This means that the breast-fed human infant is receiving small but regular additions to the load of toxic chemicals building up in his body. It is by no means his first exposure, however: there is good reason to believe this begins while he is still in the womb. In experimental animals the chlorinated hydrocarbon insecticides freely cross the barrier of the placenta, the traditional protective shield between the embryo and harmful substances in the mother’s body. While the quantities so received by human infants would normally be small, they are not unimportant because children are more susceptible to poisoning than adults. This situation also means that today the average individual almost certainly starts life with the first deposit of the growing load of chemicals his body will be required to carry thenceforth.

    En savoir plus 

    Rachel Carson était une biologiste marine et écrivaine américaine, célèbre pour ses contributions à la littérature environnementale, en particulier pour son livre “Printemps silencieux” (Silent Spring) publié en 1962. Ce livre a marqué un tournant dans la prise de conscience publique des dangers environnementaux, en particulier ceux liés à l'usage incontrôlé des biocides. Par son travail de recherche sérieux et ses textes faciles à lire, Carson a su sensibiliser un large public aux questions écologiques, influençant les politiques environnementales futures.

    Risques des pesticides et lutte contre le DDT

    Dans le “Printemps silencieux”, Carson dénonce la dangerosité de certains pesticides sur la santé humaine et l’environnement. Elle s’attaque notamment au DTT, produit considéré alors comme bénéfique et qui fait partie de la vie quotidienne de nombreux Américains dans les années 50. « À force de pulvérisations répétées, explique-elle, le DDT s’accumule dans les sols et les organismes, conservant sa toxicité pendant des semaines voire des mois, même sous une forme diluée. Une fois libéré dans la biosphère, le DDT tue non seulement les insectes, mais peut aussi se frayer un chemin dans toute la chaîne alimentaire, menaçant les populations d’oiseaux et de poissons. En remontant encore la chaîne alimentaire, il peut, in fine, être absorbé par les humains, dont les jeunes enfants, et ce, avant même leur naissance. » (A. d’Imperio, 2018). Le DDT ainsi que d’autres pesticides chimiques épinglés par Carson peuvent de cette manière atteindre la santé des humains. Sa critique du DDT provoquera un débat public sur les risques sanitaires liés à l'utilisation des pesticides, soulignant la nécessité d'une réglementation et d'une utilisation plus prudente de ces produits.

    Prise de conscience et interdiction du DDT

    La publication de " Printemps Silencieux " a suscité une prise de conscience des dangers des biocides, entraînant une réévaluation des pratiques agricoles et des politiques environnementales. Le DDT sera interdit aux États-Unis en 1972. Le combat de Carson a également eu un impact sur le mouvement écologiste, conduisant à la création d'agences environnementales comme l'EPA aux États-Unis et à l'adoption de lois plus strictes pour la protection de l'environnement et de la santé publique.

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    Rachel Carson
    Photo officielle du FWS, vers 1940.
    U.S. Fish and Wildlife Service
    Public domain, via Wikimedia Commons

     

     

    La pauvreté est la menace la plus grave pour la santé. La mauvaise santé conduit à la pauvreté et la pauvreté favorise la mauvaise santé.

    Gro Harlem Brundtland (1939, Norvège)

    Allocution prononcée à la Cinquante et Unième Assemblée mondiale de la Santé Genève, 13 mai 1998

    EN SAVOIR PLUS

    Championne de la santé publique et du développement durable

    En prenant la direction de l'OMS, Gro Harlem Brundtland déclare que sa mission sera de "promouvoir des systèmes de santé viables et équitables dans tous les pays" (Allocution prononcée à la Cinquante et Unième Assemblée mondiale de la Santé, Genève, 13 mai 1998).

    Connue comme la 'Mother of Sustainability' (Jacquemond, 2017), elle a eu un impact profond sur les domaines de la santé publique et du développement durable. Sa présidence de la Commission mondiale sur l'environnement et le développement a été marquée par la publication du rapport 'Notre avenir à tous', qui a favorisé dans l'émergence du concept de développement durable. Ce rapport précise dès l'avant-propos que 'l’objectif du développement est la prospérité économique et sociale, celui de la conservation est le maintien de la capacité de la Terre d’assurer aussi le développement durable que la pérennité de toute vie'. (Jacquemond, 2017).

    Plaidoyer pour un accès universel à la santé

    Pendant son mandat à l'OMS, Gro Harlem Brundtland souligne le lien entre pauvreté et santé et définit « le concept de « santé durable » comme quatrième pilier du développement durable. Mais elle inverse aussi la logique antérieure pour démontrer que tout dépend désormais de l’état de santé des populations. C’est à partir de la santé des populations que doit se concevoir le développement durable et non l’inverse comme dans les décennies antérieures où il était logique de penser que le développement économique avait pour corollaire l’amélioration de la santé. » (Jacquemond, 2017). Elle plaide également pour des systèmes de santé équitables et un accès universel à la santé. Dans une interview au Temps de décembre 1998, elle déclare : « Tous les jours, 3’000 enfants meurent de la malaria dans les pays les plus pauvres de la planète... Des enfants naissent et sont condamnés à mourir de maladies curables, car les médicaments et les vaccins ne sont pas disponibles pour tous ». Sous sa direction, l'OMS a lancé des initiatives pour améliorer l'accès aux soins de santé dans les pays à faible revenu, notamment des programmes de lutte contre les maladies transmissibles telles que le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme.

    Une nouvelle place pour la santé  

    Le passage de Gro Harlem Brundtland à l'OMS a marqué une nouvelle ère pour la santé publique, intégrant le développement durable et l'équité dans ses approches. Dre Harlem Brundtland a transformé la perception de la santé dans les débats internationaux sur le développement, la mettant en avant non seulement comme un objectif à part entière, mais également comme un moteur essentiel au développement durable. En liant la lutte contre la pauvreté à l'amélioration de la santé mondiale, elle a jeté les bases pour des avancées futures dans l'accès universel à la santé.

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    Gro Harlem Brundtland
    GAD, own work, 2009
    Public domain, via Wikimedia Commons

    Personne ne devrait être exclu de notre amour [...] en raison de sa race ou de son sexe, de sa foi ou de son appartenance ethnique - ou en raison de son orientation sexuelle. Personne ne devrait non plus être exclu des soins de santé pour l'une ou l'autre de ces raisons.

    Desmond Tutu (1931-2021, Afrique du Sud) 

    Washington Post, Opinions, 12 mars 2010

    EN SAVOIR PLUS

    Personne ne devrait être exclu de notre amour [...] en raison de sa race ou de son sexe, de sa foi ou de son appartenance ethnique - ou en raison de son orientation sexuelle. Personne ne devrait non plus être exclu des soins de santé pour l'une ou l'autre de ces raisons.

    Desmond Tutu (1931-2021, Afrique du Sud), Washington Post, 12 mars 2010

    Défenseur des droits humains

    L’archevêque sud-africain Desmond Tutu, lauréat du Prix Nobel de la paix en 1984, s'est distingué par sa lutte pacifique contre l'apartheid. Outre sa condamnation de la discrimination basée sur la race, l'appartenance ethnique et la foi, il a également dénoncé la discrimination contre l’orientation sexuelle.

    Plaidoyer pour un accès aux soins équitable et universel

    Dans son livre Le Sida et ses métaphores (1978), Susan Sontag montre comment le SIDA a été utilisé pour stigmatiser certaines communautés :  contracter le SIDA révélait l'identité de quelqu'un « comme membre d’un certain “groupe à risque” » - délinquants, homosexuels, toxicomanes – créant « une communauté de parias » soumise à l'ostracisation, à la persécution et au refus de soins. (Sontag citée par O. Larmagnac-Matheron, 2022). Face à cette réalité, Tutu s'est élevé avec force pour défendre l'inclusion et un accès équitable et universel aux soins de santé.

    En défiant parfois les directives de l'église, l’archevêque Tutu a promu la prévention, l'éducation sexuelle comme moyen de lutte contre la propagation du VIH et l'utilisation des préservatifs. Il a défendu les droits des homosexuels et rejeté le déni du SIDA, affirmant que la stigmatisation et l'exclusion des personnes vivant avec le VIH constituaient un « nouvel apartheid » (Chris Beyrer, 2022).

    A 85 ans, Tutu a plaidé pour le droit au suicide assisté des malades incurables et des mourants, soutenant la liberté individuelle et la dignité en fin de vie. Il a également étendu son plaidoyer à la crise climatique et à la nécessité d'une réponse globale et solidaire à des enjeux tels que la pandémie de COVID-19 (Chris Beyrer, 2022).

    Le combat de Tutu contre la discrimination des malades rejoint celui de nombreuses autres personnalités qui ont œuvré et œuvrent toujours pour un monde où l'accès aux soins de santé et les droits de chacun sont respectés et protégés.

    Sources

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    Archbishop Desmond Tutu, vers 2004
    Benny Gool
    Public domain, via Wikimedia Commons

     

     

    Écoutez-moi, s'il vous plaît. Je parle au nom des personnes que vous ne pouvez pas entendre.

    Stephen Hawking (1942-2018, Angleterre)

    Message vidéo de Stephen Hawking pour la conférence internationale de l'Unesco : De l'exclusion à l'autonomisation : Role of ICTs for Persons with Disabilities, 24-26 novembre 2014, New Delhi, Inde

    EN SAVOIR PLUS

    Le physicien Stephen Hawking a consacré sa vie à développer une "théorie du tout" qui décrive l’ensemble des phénomènes physiques. Ses travaux, notamment sur l’entropie des trous noirs, aux confins de la mécanique quantique, de la thermodynamique et de la relativité générale, ont fait progresser les connaissances théoriques de la physique. Doué pour vulgariser les concepts scientifiques complexes, Hawking a partagé ses connaissances à travers des ouvrages tels que "Une brève histoire du temps" qui captiva un large public dès sa parution.

    « La médecine n'a pas été en mesure de me guérir, je m’appuie donc sur la technologie pour m'aider à communiquer et à vivre »

    Malgré un diagnostic de sclérose latérale amyotrophique (SLA), maladie neurodégénérative paralysante, à l'âge de 21 ans, qui le condamnait à une espérance de vie réduite, Hawking a déjoué les pronostics des médecins et mené une carrière d’astrophysicien et une vie de famille. Il a eu recours à la technologie pour communiquer, notamment un dispositif de génération de la parole (SGD) et une tablette commandée par un interrupteur infrarouge activé par ses mouvements de joue. Cette technologie lui a permis de continuer à communiquer, à naviguer sur Internet, et à rédiger des conférences. 

    Hawking a utilisé sa notoriété pour promouvoir l’autonomie des personnes en situation de handicap, défendant l'accessibilité aux technologies assistées pour améliorer leur qualité de vie. Il a appelé à plus d'inclusion, se réjouissant notamment de la publication du premier rapport sur le handicap par l'OMS et la Banque mondiale. Il a aussi soutenu le droit à l'autonomie en fin de vie, notamment le suicide assisté, tout en insistant sur la nécessité de décisions prises librement et sans pression.

    Hawking a également exprimé sa gratitude envers le NHS, le système de santé publique du Royaume-Uni, plaidant pour un accès continu gratuit et universel aux soins de santé, en particulier pour les personnes atteintes de maladies graves.

    Selon le philosophe Bertrand Quentin, “Le handicap nous dit qu’il y a des manières différentes d’être humain, que l’homme se définit aussi par ses manques.” Ainsi, avec son expérience humaine unique et sa persévérance à combattre une maladie incurable, Stephen Hawking a inspiré de nombreuses personnes en situation de handicap et sensibilisé à l'importance de l'inclusion et de l'accès aux soins et aux technologies innovantes. 

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    Stephen Hawking, 1974
    NASA Public domain
    via Wikimedia Commons

     

     

     

    Dans les prochaines années, nous assisterons à une révolution dans le dépistage du cancer. Nous saurons mesurer le risque d'avoir un cancer et, grâce à l'intelligence artificielle, nous pourrons détecter dans les images des choses que nous ne pouvons pas voir. 

    Dr Eric Topol, (1954-, États-Unis) 
    Traduction et adaptation de  Eric Topol Provides His Vision of How AI Can Redefine Cancer Screening and Diagnosis. Interview by Doug Flora. Inside Precision medecine. 13 décembre 2023

     

    EN SAVOIR PLUS

    Le Dr Eric Topol est une figure de proue de la santé digitale, un domaine qui vise à améliorer la gestion des maladies chroniques et à personnaliser la médecine grâce à des technologies telles que l'intelligence artificielle, le Big Data, la télémédecine, et le dossier électronique du patient.

    Topol plaide pour l'autonomisation des patients, en favorisant leur accès à et leur contrôle sur leurs données médicales, et en encourageant leur participation active aux décisions relatives à leur santé. Il souligne aussi la nécessité de réformer la formation médicale pour adapter les professionnels de santé à l'ère du numérique.

    Pour lui, l'intelligence artificielle doit être employée de manière réfléchie et mesurée afin d'enrichir la relation médecin-patient et de promouvoir une médecine ciblée et préventive. Topol met en avant le rôle essentiel des outils numériques dans l'amélioration des soins, insistant également sur l'importance de la sécurité des données et de l'accès équitable aux soins. Il défend une approche éthique et responsable dans le développement de la santé digitale.

    Dans le domaine du dépistage du cancer, Topol préconise des méthodes de dépistage assistées par l'IA, plus ciblées et personnalisées, basées sur des facteurs génétiques multiples pour identifier les risques individuels de cancer. Il soutient que cette stratégie pourrait améliorer la détection précoce des cancers, en particulier chez les jeunes, et réduire les coûts et l'anxiété liés aux diagnostics faussement positifs.

    En contraste avec la santé digitale, qui cherche à améliorer les soins de santé grâce à la technologie, le transhumanisme envisage la technologie comme un moyen d'augmenter les capacités humaines, physiques et cognitives, au-delà des limites naturelles. Cette vision futuriste se focalise sur l'allongement de la durée de vie et la fusion de l'humain avec la machine, redéfinissant les frontières de la biologie humaine et interrogeant notre conception de l'humain et de la santé.

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    Eric Topol (photo recadrée)
    2015
    Juhan Sonin
    Public Domain, via Wikimedia Commons

    Le secret pour avoir de l'énergie ? Un mode de vie sain : beaucoup d'eau, suffisamment de sommeil et du chocolat suisse.

    Roger Federer (1981- , Suisse)

    Questions for Roger Federer, Vanity Fair, 13 juin 2013 

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    En 2013, Roger Federer révélait le secret de sa forme : de l'eau, du sommeil, et du chocolat suisse. Cette réponse, en apparence légère, serait-elle l'illustration d'un équilibre entre la rigueur et le plaisir de savourer un moment simple ? Le succès de cet athlète exceptionnel reposait non seulement sur son talent, mais aussi sur une discipline de vie rigoureuse, incluant une alimentation équilibrée, un entraînement intensif, la gestion du stress et un soin particulier apporté à l'hydratation et au sommeil. Et si la mention du chocolat suisse prête à sourire, les aficionados de chocolat noir en expliquent avec sérieux les 12 bienfaits pour la santé

    La littérature scientifique confirme les avantages d'une bonne hygiène de vie. Adopter un mode de vie sain protège des maladies cardio-vasculaires et permet de préserver la santé du cerveau. Selon l'Organisation mondiale de la santé, entre 30 et 50% des cancers pourraient même être évités. Qui dit mode de vie sain, dit non au tabac, peu d'alcool, une activité physique régulière et une alimentation équilibrée. Le régime méditerranéen, riche en antioxydants et bons acides gras, en est un parfait exemple. À l'inverse, une alimentation riche en graisses, en sucres ajoutés ou en sel augmente les risques de maladie. 

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    Roger Federer
    2015
    Tatiana from Moscow
    Public Domain via Wikimedia Commons

    Les vies humaines sont courtes et fragiles. Le temps et les maladies nous consument, comme des flammes brûlant des morceaux de bois. Mais peu importe la durée de la vie. Ce qui compte davantage, c'est la lumière que nous pouvons donner à ceux que nous aimons et le nombre de personnes à qui nous montrons de la compassion.

    Nguyễn Phan Quế Mai (1973, Vietnam)

    The Mountains Sing, 2020
    Traduction de la citation : FGDC

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    Le roman

    "The Mountains Sing" (Pour que chantent les montagnes), de la poétesse vietnamienne Nguyễn Phan Quế Mai est une saga familiale qui s'étend sur quatre générations. Elle  plonge le lecteur dans l'histoire du Vietnam du 20e siècle à travers les voix de la grand-mère Diệu Lan et sa petite-fille Hương. Le roman parle notamment des conséquences de la grande famine (1944-1945) et de la guerre du Vietnam. Quế Mai a choisi d'écrire en anglais pour garder la distance nécessaire à l'évocation sereine d'une période difficile de l'histoire de son pays. Cela lui a également donné la possibilité d'en offrir un autre regard à l'Amérique. 

    Résilience

    La grand-mère dit à l'enfant : "tu es assez grande pour comprendre que l'histoire s'inscrira dans la mémoire des gens, et tant que ces souvenirs perdureront, nous pourrons avoir foi en notre capacité à faire mieux. " Cette histoire transgénérationnelle de femmes est une histoire de résilience

    Dans un podcast de France Culture, le psychiatre Boris Cyrulnik décrit la résilience comme une «nouvelle évolution après un traumatisme ». Un "soutien affectif et verbal" aide à la reconstruction neuronale des victimes de traumatismes, qu'il appelle les "blessés de l'âme", et permet  de reprendre, "une autre forme de vie".  Après un traumatisme, "on ne peut pas oublier mais on peut s’en servir pour reprendre un autre développement, pour chercher à comprendre, pour publier, pour rentrer dans une association, pour se débrouiller avec ce qu’on sait faire et dans des contextes culturels où on vit."

    Compassion

    La citation du jour évoque également l'importance de la compassion et de la bienveillance pour la santé mentale. Dans une interview pour le journal de l'Université de Genève, Olga Klimecki, neuroscientifique et psychologue explique s'être intéressée à la souffrance et avoir étudié comment "on peut se mettre en relation avec la souffrance des autres, sans se mettre soi-même en situation de détresse".  Elle distingue l'empathie de la compassion. L''empathie "fonctionne comme un simple miroir des émotions d'autrui". Trop d'empathie peut mener à "des réactions similaires à un «burn out»". La compassion implique un sentiment de bienveillance, avec la volonté d’aider la personne qui souffre. Klimecki, a développé des entraînements à la compassion, observant une augmentation de la "capacité à agir pour le bien d'autrui", un fait confirmé par des examens à l'IRM.

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    Crédit :  Vu Thi Van Anh

     

     

    La moitié des gens en Inde considèrent les toilettes comme une facilité quotidienne. Mais pour l'autre moitié, les toilettes restent un luxe.

    Akshay Kumar (1967- , Inde)

    World Toilet Summit 2018
    swachhindia.ndtv.com/swachh-bharat-ambassador-akshay-kumar-attends-world-toilet-summit2018-28044/

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    En 2010, l'Assemblée générale des Nations Unies a déclaré le droit à une eau potable salubre et propre comme un droit fondamental. Cependant en 2022, près de la moitié de la population mondiale, soit plus de 1,5 milliard de personnes, ne disposaient toujours pas de services d’assainissement de base, tels que des toilettes privées ou des latrines.

    La défécation à l'air libre est pratiquée par environ 419 millions de personnes, par exemple dans les caniveaux, derrière des buissons ou dans des plans d’eau. Elle entraîne des risques de propagation de maladies telles que la diarrhée, la fièvre typhoïde et le choléra. Les enfants, surtout en bas âge, sont particulièrement vulnérables à ces risques, tandis que les femmes font face à des menaces d'agression sexuelle et à des problèmes d'hygiène menstruelle, affectant leur éducation et leur développement. 

    En 2014, la moitié des personnes concernées par ce problème vivaient en Inde. En réponse à cette crise sanitaire et sociale, le gouvernement indien a lancé une  campagne de construction de toilettes, avec 110 millions d'installations crées en cinq ans. Cependant, malgré l'annonce de 2019 de l'éradication de la défécation à l'air libre, l'UNICEF a indiqué que des efforts additionnels étaient nécessaires. L'un des défis en Inde étant le changement des comportements, un processus complexe en raison de barrières culturelles et religieuses.

    Akshay Kumar, star célèbre de Bollywood, s'est engagé activement en tant qu'ambassadeur de la campagne gouvernementale indienne pour promouvoir l'accès à des toilettes. Il a également marqué les esprits en jouant dans 'Toilet: A Love Story', un film acclamé par des personnalités telles que Bill Gates pour son rôle éducatif sur les défis de l'assainissement en Inde.

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    Akshay Kumar at Star Guild Awards
    8 May 2015
    Bollywood Hungama
    via Wikimedia commons 

     

    [La musique] développe la matière grise et les connexions entre les deux hémisphères du cerveau [et] aide à donner une voix aux mots de l'âme.

    Jorge Viladoms (1985-, Mexique)

    Jorge Viladoms: Música para cambiar el mundo, 2019

    Photo © jorgeviladomsweber.com 

    EN SAVOIR PLUS

    Jorge Viladoms, pianiste et philanthrope mexicain, a commencé le piano à 15 ans, devenant rapidement un concertiste international de renom. Il enseigne également au Conservatoire de Lausanne. Convaincu des bienfaits de l'apprentissage de la musique, il a fondé Crescendo con la Música avec pour devise "Nous croyons au pouvoir transformateur de la musique". La fondation a pour but d'offrir l'accès à une éducation musicale aux enfants en situation de vulnérabilité afin de favoriser leur développment et de les aider à envisager un avenir plus prometteur qu'ils puissent bâtir eux-mêmes. Crescendo con la Musica apporte des instruments et  un enseignement musical de qualité à des enfants mexicains, collabore à une fondation kenyanne aux buts similaires et, en Suisse, attribue chaque année des bourses à de jeunes musiciens talentueux nécessitant un soutien financier pour poursuivre leurs études musicales.

    La musique, dans ses différentes formes, favorise le développement et le bien-être humains, jouant un rôle essentiel dès le plus jeune âge.

    L'utilisation de la musique à des fins thérapeutiques remonte à l'Antiquité, avec des exemples dans les civilisations grecque, égyptienne, et dans les traditions de médecine indienne et chinoise. Ces cultures anciennes croyaient déjà en la capacité de la musique à influencer l'esprit et le corps. Ce n'est qu'au XXe siècle que l'application de la musique dans un contexte thérapeutique a commencé à être étudiée scientifiquement. La musicothérapie, par exemple, est devenue une profession reconnue avec des formations et des certifications spécifiques.

    Les études actuelles se concentrent sur la manière dont des aspects spécifiques de la musique (rythme, mélodie, harmonie) peuvent être utilisés pour traiter ou soulager des conditions de santé spécifiques, comme la douleur, l'anxiété, la dépression, et les troubles du sommeil.

    Quelques bienfaits de la musique

    Développement de l'enfant

    • Stimulation cognitive : la musique améliore la mémoire, l'attention et le traitement auditif chez les enfants.
    • Langage et compétences sociales : la musique favorise le développement du langage, la communication et les interactions sociales.
    • Coordination et motricité : la musique développe la coordination motrice par la pratique instrumentale.
    • Expression émotionnelle : la musique aide à l'exploration et l'expression des émotions, renforçant la santé émotionnelle et la créativité.

    Bienfaits pour la santé mentale et physique

    • Réduction du stress et de l'anxiété : diminue les niveaux de cortisol et aide dans le traitement des troubles psychologiques.
    • Santé cardiaque : des effets bénéfiques comme l'abaissement de la tension artérielle et l'amélioration de la santé cardiaque.
    • Qualité du sommeil : la musique douce peut induire un sommeil plus profond et réparateur.
    • Gestion de la douleur : la musique offre une distraction cognitive, améliore l'humeur et déclenche la libération de neurotransmetteurs analgésiques

     

     

     

     

    « Yes, I think to myself
    What a wonderful world
    Ooh, yes »

    Louis Armstrong (1901-1971, États-Unis))

    What a beautiful world, 1967 (youtube)

    La chanson de Louis Armstrong, "What a Wonderful World", célèbre encore, toujours et malgré tout, l'émerveillement et l'importance de savoir apprécier les choses simples.

    Et puis, la science nous dit que l’émerveillement est bon pour la santé ! Dans le New York Times, le professeur Dacher Keltner, psychologue, définit l’émerveillement comme le sentiment d’être face à quelque chose qui dépasse notre compréhension du monde et nous amène à y penser autrement. Cet état stimule l'ocytocine, atténue les pensées négatives en modifiant notre activité cérébrale, ce qui nous aide à nous voir sous un jour plus positif, et contribue à une meilleure digestion et respiration.

    L'émerveillement peut se cultiver, notamment à travers la méditation et la pleine conscience qui nous aident à être plus réceptifs à la beauté et aux merveilles du monde qui nous entoure.

     

    Nous vous souhaitons de joyeuses fêtes et une année pleine de paix, de curiosité et d’émerveillement.

     

     

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    Louis Armstrong
    29 October 1955
    Herbert Behrens / Anefo
    Public domain via wikimedia